jeudi 31 janvier 2013

Les pesticides sont mortels pour les amphibiens

Les pesticides sont mortels pour les amphibiens


Selon une étude germano-suisse publiée le 24 janvier dernier, les amphibiens digèrent très mal certains pesticides utilisés dans les champs. Les auteurs des travaux, qui soulignent l’impact des pesticides sur les grenouilles, crapauds, tritons et autres salamandres, suggèrent de mieux évaluer le rôle des pesticides dans le rapide déclin de ces animaux mi aquatiques mi terrestres.

En 2009, la revue Recherche Agronomique Suisse indiquait que «  la sensibilité des amphibiens n’a pas été testée dans le cadre de l’homologation des pesticides », en ajoutant que « leur sensibilité est supposée semblable à celle d’espèces aquatiques de substitution ». Pour les chercheurs, à cette époque pas si lointaine, « l’évaluation faite pour les poissons et les invertébrés aquatiques peut ainsi être considérée comme suffisante pour estimer les risques liés aux pesticides pour les amphibiens dans le système aquatique ». Un constat pour le moins bâclé. Et que dire, donc, du fait que contrairement aux oiseaux et aux mammifères, les amphibiens ne font pas partie des tests imposés pour l’homologation d’un produit pesticides ?
 
Les amphibiens ont une peau très perméable, qui les rend beaucoup plus vulnérables aux polluants. Et le déclin des amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons, salamandres, etc.) s’est encore accéléré à travers la planète, à tel point qu’il s’agit des vertébrés les plus menacés. Les chercheurs se sont donc à nouveau donné rendez-vous pour analyser la situation avec davantage de rigueur. Et ô surprise, au travers des différents dangers qui pèsent sur ces petits animaux des cours d’eau, tels que maladies, changement climatique, pollution et disparition de leur habitat, des chercheurs allemands et suisses ont établi le danger des pesticides.
 
Carsten Brühl et Annika Alscher, de l'Université de Coblence-Landau, en Allemagne ont observé, avec leurs collègues Thomas Schmidt, des Laboratoires Harlan en Suisse, et Silvia Pepper, de l'Agence fédérale suisse de l'environnement, que « des fongicides, herbicides et insecticides testés sur de jeunes grenouilles rousses[Rana temporaria, une espèce européenne commune, ndlront entraîné une mortalité de 40% à 100% des animaux en sept jours d’utilisation aux doses recommandées ». L’étude, parue dans la revue ScientificReports, doit toutefois être prise avec un certain recul dans la mesure où l’on ne peut tirer d’enseignement global à partir d’une seule expérience en laboratoire.
 
Et pour Colin Berry, professeur émérite de pathologie à l’Université Queen Mary de Londres, « il y a plusieurs mécanismes selon lesquels ces pesticides pourraient affecter les amphibiens, et ces mécanismes seraient différents d’un produit à l’autre et auraient donc besoin d’être examinés avec attention ». Le plus tôt sera le mieux. Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), au moins 43 % de toutes les espèces d'amphibiens présentent un déclin continuel de leurs populations, ce qui indique que le nombre d'espèces menacées va probablement augmenter dans l'avenir.

Aucun commentaire: