jeudi 5 juillet 2012

Céréales : risques de chauffe sur les prix

Le boisseau de maïs, en hausse sur les marchés agricoles, s'échange actuellement autour de 6,50 dollars le boisseau aux Etats-Unis et à plus 215 euros la tonne en France.

Les grains vont chauffer. Sur le marché français, les acheteurs hésitent à s'engager et attendent que les marchés à terme reviennent à des niveaux de cotations plus raisonnables. Ainsi, en dépit d'un léger recul vendredi, les cours du blé européen n'en affichaient pas moins un bond de près de 25 euros en moins de deux semaines. L'échéance de référence (pour livraison en novembre 2012) cabote tout de même autour de 228 euros la tonne.

Cet hiver, près de 700 000 hectares de blé tendre, d'orge et de colza sans couverture neigeuse ont été détruits par le gel. Pour le seul blé tendre, les dégâts ont été constatés sur 350 000 hectares. Même si les céréaliers ont replanté, ils ont souvent opté pour de l'orge ou du maïs (lien abonnés).
Les risques que font peser la chaleur et le déficit hydrique aux Etats-Unis et sur le pourtour de la Mer noire poussent les pays importateurs à effectuer des achats de couverture sur la scène internationale.
Résultat, Rouen, premier port céréalier européen, a annoncé cette semaine un trafic agroalimentaire de quelque 70 000 tonnes de céréales entre le 21 et 27 juin dernier, dont près de 36 000 tonnes de blé, acheminées en grande partie vers l'Algérie (25 000 tonnes).
RÉCOLTE MOINDRE EN RUSSIE
La Russie, troisième plus gros exportateur de blé au monde, prévoit de récolter environ 85 millions de tonnes de céréales en 2012, soit nettement moins qu'en 2011, en raison de la sécheresse dans le sud du pays.
Les températures élevées qui sévissent dans le sud du pays suscitent des craintes sur les marchés mondiaux, ce qui maintient les prix des céréales à des niveaux élevés. Le ministre de l'agriculture russe Nikolaï Fedorov a précisé lundi que neuf régions souffraient actuellement de la sécheresse. Par ailleurs, elles ont aussi souffert cet hiver du gel, qui a affecté une partie des terres ensemencées.
"En se basant sur ces chiffres, nous sommes certains que le potentiel d'exportation du pays n'est pas inférieur à 20 millions de tonnes", a-t-il cependant rassuré, ajoutant que le gouvernement n'avait pas l'intention de mettre en place un embargo sur les exportations, comme ce fut le cas en 2010, une mesure destinée à contenir l'envolée des prix dans le pays mais qui avait provoqué une flambée des cours mondiaux du blé. Moscou a levé cet embargo le 1er juillet 2011.
"S'il est clair que les premiers rendements ne sont pas à la hauteur des attentes en Ukraine comme en Russie, les opérateurs observent avec intérêt la qualité des grains produits dans la mesure où la formation du prix sur le marché physique en dépendra fortement", ajoutait pour sa part Agritel.
DES STOCKS AMÉRICAINS EN RECUL DE 14 %...
De l'autre côté de l'Atlantique, les cours des produits agricoles pourraient réagir violemment dans les prochaines séances au rapport du département américain de l'agriculture, publié vendredi à la fermeture des marchés européens.
Selon ce rapport, les stocks de maïs des Etats-Unis, premier producteur au monde, seraient en recul de 14 % par rapport à l'an passé, après une récolte médiocre en 2011. Début juin, les Etats-Unis comptabilisaient 3,15 millions de boisseaux (environ 25 kg) de maïs de stocks contre 3,67 millions un an plus tôt.
Dans le même temps, les stocks de blé sont également en recul de 14 % (à 743 millions de boisseaux). A l'inverse, les réserves de soja progressent de 8 % à 667 millions. Les Etats-Unis sont les premiers producteurs mondiaux de soja et de maïs et les premiers exportateurs de blé.
Autre mauvaise nouvelle sur le front des céréales, dans leur rapport hebdomadaire sur l'état des cultures, les analystes de l'USDA estiment qu'au 24 juin, 56 % des plants de maïs pouvaient être considérés comme de qualité "bonne ou excellente" contre 63 % la semaine passée et 68 % l'an dernier. Concernant les cultures de soja, 53 % des cultures sont jugées bonnes à excellentes contre 56 % la semaine passée et 65 % l'an dernier.
"Les températures atteignent des sommets aux Etats-Unis particulièrement sur les Etats du sud. L'Indiana et le Kansas sont particulièrement affectés avec des températures proches des 40 degrés. La situation semble moins préoccupante à ce jour sur le nord de la "corn belt", bien que l'on ait enregistré également hier des températures supérieures à 35 degrés sur Chicago. Il va devenir crucial d'avoirdes pluies significatives d'ici la fin de semaine prochaine", insiste le courtier en grains Agritel.
Enfin, en Australie, autre grenier à grains de la planète - le pays est le quatrième exportateur mondial -, l'arrivée de la perturbation climatique El Nino pourrait sécher sur pied les moissons et aggraver cette hausse des cours attendue.
Lire la note de blog : "Gare aux grains !"
... MAIS SURFACES EN HAUSSE
Une nouvelle, en revanche, de nature à tirer les prix à la baisse, les superficies plantées en maïs aux Etats-Unis devraient atteindre un niveau record depuis 1937, ce qui pourrait pousser à la hausse la récolte de 6 % par rapport à l'an passé, malgré la sécheresse actuelle.
Les plantations de maïs ont bénéficié des prix juteux sur les marchés agricoles. Dans l'Idaho, le Minnesota, le Nevada, le Dakota du Nord et du Sud et l'Oregon, des surfaces jamais enregistrées jusqu'ici ont été plantées. Les cours de cette céréale à Chicago comme à Paris leur permettent d'espérer engranger davantage de récoltes. Le boisseau de maïs s'échange actuellement autour de 6,50 dollars le boisseau aux Etats-Unis et à plus 215 euros la tonne en France.
Les surfaces en blé et en soja ont également progressé. Touchant le soja, à rebours des mauvaises récoltes brésilienne et argentine, qui représentent la moitié de la production mondiale, la hausse des surfaces aux Etats-Unis permet d'atteindre le troisième niveau jamais enregistré et de tabler sur une récolte en hausse de 2 % par rapport à l'an passé.

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