samedi 5 mai 2012

La guerre des OGM

maïs OGMLe 8 février 2008, le sénat adoptait le projet de loi sur les OGM, non sans le remanier en profondeur, tuant en fait quasiment toutes les avancées de ce projet. La secrétaire d'état à l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) a dû se battre pour préserver le peu qu'il reste : la saisine par les associations de consommateurs ou de protection de l'environnement du (futur) haut conseil des biotechnologies, et la transparence au niveau de la parcelle (et non à l'échelle du canton) via un registre public précis. Peu de choses.

Le lendemain, pour faire passer la pilule sans doute, un arrêté interdisait la culture du maïs OGM Monsanto 810. Une des rares promesses tenues du trop fameux Grenelle de l'environnement. Au sein même du gouvernement, les politiques sont déchirés entre les "anti OGM"  : Kosciusko-Morizet, et peut-être Jean-Louis Borloo, et les "pro OGM" : Michel Barnier (Agriculture), Valérie Pécresse (Recherche). Mais ce sont ces derniers qui gagneront finalement : Le 8 avril 2008 le délit de fauchage est créée. Désormais, la destruction d'une parcelle d'OGM sera punie de deux ans de prison et de 75.000 euros d'amende...

La première plante génétiquement modifiée fut la Flavr Savr, une tomate commercialisée au USA en 1994. Bien rouge, bien ferme, mais trop fade et trop chère, ce fut un échec commercial. Ce fut quasiment le seul. Les OGM représentent aujourd'hui un marché florissant. Calgene, inventeur de la Flavr Savr,  a depuis été racheté par Monsanto... Depuis ce temps, la controverse fait rage.

Les partisans des OGM disent  qu'ils sont inoffensifs, permettent de réduire l'usage des pesticides et constituent au final la seule solution au problème de la faim dans le monde. Leurs adversaires disent qu'ils sont toxiques, polluent les sols, contaminent les autres cultures, réduisent la biodiversité, et imposent aux paysans un modèle économique malsain et non viable. Qui a raison ? Qui a tort ? En fait, un peu des deux. Les arguments avancés de part et d'autres manquent souvent de rigueur et reposent plus souvent sur la foi que sur la raison. Tentons donc d'y voir plus clair. 

ogm dangeureux ?Tout d'abord les OGM ne sont pas toxiques.... pas plus qu'ils ne sont inoffensifs. Les milliers d'études universitaires n'ont pas permis de trancher dans un sens ou dans l'autre. Mais ces études sont toutes partielles, voire partiales ! La vérité, c'est que personne n'a osé financer des études sur les effets à long terme des OGM. Le fameux maïs MON 810, désormais interdit en France, a été consommé aux USA pendant onze ans, "sans effet notable sur la santé", proclame Monsanto. C'est vrai... Sauf qu'aucune étude n'a été lancée par les autorités américaines pour rechercher les dits effets !  

Le problème, c'est  qu'aux états-unis il y a tellement de cultures OGM, maïs, colza, soja, etc., qu'il est impossible de rechercher les effets (par exemple les réactions allergiques) spécifiques à un produit donné. Bon, OK, les ricains bouffent cette soi-disant merde et ils sont toujours là. Mais en fait, des tas d'effets à long terme des OGM ont pu tout simplement passer inaperçus parce qu'ils ne sont pas recherchés. Les OGM comportent par définition des protéines qui n'existent pas dans les aliments naturels. Ces protéines peuvent très bien avoir des effets allergiques, voire cancérigènes. Personne n'en sait rien. L'OMS, et l'agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) demandent d'ailleurs que les pouvoirs publics imposent aux fabricants des tests plus sérieux que ceux pratiqués actuellement.  

D'un autre coté, les OGM ont parfois, dans certaines conditions, de bons coté. Le Maïs "Bt" possède ainsi un gène qui lui permet de sécréter son propre insecticide et de résister aux attaques des chenilles pyrales. Les années où ces chenilles sont nombreuses, ce maïs survit là ou les autres meurent. Le Bt possède aussi moins de mycotoxines, une moisissure dangereuse pour la santé, qui rend les grains infectés impropre à la consommation. Mais dans les régions où il y a peu de chenilles pyrales, ou les années où il y en a moins, les cultures OGM ne font pas mieux que les maïs traditionnels. Les agriculteurs utilisent donc le Bt comme une "assurance bonne récolte". Tant que les chenilles ne développent pas de résistance à l'insecticide qu'il sécrète, tout va bien...

Et, c'est vrai, en théorie la révolution génétique permet d'imaginer de créer des produits agricoles parfaits, ou contenant des gènes de résistance contre les maladies... humaines. A quand la tomate OGM contenant un vaccin contre le cancer ? Probablement jamais. Un médicament doit être administré avec des doses très précises, qui sont incontrôlables lorsque ce médicament est fabriqué par une plante alimentaire. Et ne parlons pas des risques de dissémination dans l'environnement. L'eau de nos rivières contient déjà des doses très élevées d'hormones anticonceptionnelles, qui sont rejetées dans la nature par les femmes qui prennent la pilule, et cela affecte notablement les poissons, qui ont de plus en plus de mal à se reproduire (un fait peu connu, mais réel). La vérité, c'est que la "banane vaccin" est un rêve qui restera un rêve. Aucun "OGM médicament" n'a jamais été commercialisé.

Mais le vrai problème, c'est qu'il y a OGM et OGM. En modifiant génétiquement un organisme, on peut réellement l'améliorer,  le rendre plus appétissant, plus résistant aux parasites, plus rentable, etc. Mais on peut aussi créer des OGM dans des buts moins avouables : par exemple on crée des plantes plus résistantes aux pesticides (ce qui permet d'en arroser plus les cultures !) ou même qui sécrètent carrément ces pesticides, comme le MON 863. L'université de Caen a déterminé que les rats qui mangeaient ce maïs présentaient des anomalies des reins, du foie, et du taux de graisse dans le sang. Mais ces résultats sont contestés...  Pourtant ce sont les OGM "avec gène de résistance aux pesticides" qui sont les plus courants actuellement, parce que cette technique est bien maîtrisée par les semenciers... Le pire, peut être, c'est le gène terminator, conçu pour qu'une plante ne puisse plus se reproduire au delà de la seconde génération, ce qui contraint le paysan à racheter ses semences chez Monsanto au lieu de re-semer tranquillement une partie de la récolte. On imagine la catastrophe si des plantes portant ce gène se répandaient dans un pays comme l'Inde... Et quels sont les effets sur l'homme d'un tel gène ?

fabrication d'un OGMSoyons clair. La génétique est une science expérimentale, et pas une science exacte. On bidouille des gènes un peu au hasard, et on regarde le résultat (ce qui explique le grand nombre de cultures expérimentales d'OGM). Obtenir de cette façon un produit meilleur que la plante de départ, qui est en général déjà le résultat d'une sélection faite par les agriculteurs pendant des siècles, est un hasard extrèmement rare, voire impossible. Obtenir une plante qui résiste mieux aux pesticides et autres herbicides est déjà plus facile. Alors quand les semenciers tiennent un gène qui confère aux plantes cette "utile" propriété, ils l'exploitent au maximum. En fait, 99% des OGM ne contiennent pas des gènes qui rendent le produit meilleur, mais des gènes qui facilitent le travail des agriculteurs, fut-ce au détriment du consommateur.

Et les agriculteurs en redemandent ! L'association OGM + pesticides + agriculture industrielle produit en effet des rendements fabuleux. Que demander de plus, lorsque les contraintes de la PAC sont telles, et les tarifs d'achat des grossistes et des grands distributeurs si bas, que de tels rendements sont quasi  nécessaires pour que ces agriculteurs puissent tout simplement survivre ? Mmm. Attends une minute. Est ce que les rendements des OGM sont vraiment supérieurs à ceux des semences conventionnelles, ou est-ce un bobard lancé par le puissant lobby des semenciers OGM ?

 Une étude parue dans Agronomy for sustainable environnment fait le point en comparant les rendements de l'OGM le plus répandu sur la planète (27 millions d'hectares), un soja (de Monsanto, encore) résistant à l'herbicide Roundup (lui aussi produit par Monsanto, quel hasard), avec ceux du soja conventionnel. Les résultats sont surprenants : tout d'abord le résultat économique des OGM n'est que légèrement supérieur à celui du soja traditionnel. Et si ceépandage de pesticides dernier est écoulé dans un circuit "garanti sans OGM", il est vendu plus cher et la différence devient négligeable.  Ensuite, l'étude montre que la consommation d'herbicide repart à la hausse sur ces cultures. En effet en 2000 le principe actif du Roundup, le glyphosate, est tombé dans le domaine public, les prix ont baissé, le glyphosate est désormais quasiment le seul herbicide utilisé et certaines mauvaises herbes y sont devenues plus résistantes, contraignant les agriculteurs à déverser plus d'herbicide... Mais les agriculteurs continuent d'utiliser ce maïs. Pourquoi ? Parce que le désherbage des champs est classiquement une tâche très contraignante qui doit être faite juste après que les graines aient levé.  Mais avec le soja OGM on peut traiter les champs sur une plus longue période et en une seule passe. D'où un gain de personnel (et donc d'argent) non négligeable.

Enfin, par la force des choses, presque tous les semenciers producteurs d'OGM sont américains. Et ces gens là ne font pas de cadeaux. Leur stratégie, disent les anti OGM, est la même que celle des fabricants de tabac : rendre les agriculteurs dépendants de leurs produits, submerger le marché avec des prix bas et des (fausses ?) promesses de rendements fabuleux, puis remonter les prix une fois que le monde ne pourra plus se passer d'eux.

OGM, j'en veux pas !De toute manière, il sera bientôt trop tard. Les OGM commencent à tout envahir. Parce qu'une plante est un organisme vivant, dont les gènes ne cherchent qu'à se reproduire, et parce que les graines peuvent être portées par le vent ou les oiseaux, le risque de dissémination est tout à fait réel. Déjà, tous les produits, même ceux "garantis sans OGM", en contiennent en fait une petite part. Il est devenu impossible d'y échapper.

Brrrr.... Jouer avec le feu, vous avez dit ?

Que faire ?

Je vous encourage à aller voir le film de Coline Serreau, "Solutions locales pour un désordre global". 
 (2010). Votre vision de l'agriculture en sera changée pour toujours.   Car en plus de dénoncer une situation ubuesque et inacceptable (pas seulement au sujet des OGM), ce film présente des solutions, simples et efficaces... Alors, à NOUS, consommateurs et agriculteurs français, de jouer !

GUIDE OGM

OGM PROBLEMES


Problèmes


Une contamination inévitable

La généralisation des OGM condamne à mort les autres filières agricoles : la filière traditionnelle et la filière « bio ». La coexistence entre ces trois formes d'agriculture est impossible. La contamination des champs et des produits « non-OGM » par la filière OGM est inévitable. En outre, les OGM arrivent dans nos assiettes par le biais de l'alimentation animale. 80% des animaux d'élevage consomment en effet des OGM, qui se retrouvent dans les produits issus de cet élevage : le lait, la viande, les œufs… que nous achetons !

Une information insuffisante

Le consommateur manque d'information. Si un produit contient moins de 0,9% d'OGM, ce n'est pas indiqué. Si les animaux dont sont issus les produits mis en vente ont été nourris aux OGM, le consommateur ne peut pas le savoir. L'étiquetage est clairement insuffisant. Les consommateurs de retrouvent ainsi complices de cultures dont ils ne veulent pas.

Une agriculture productiviste

Les OGM s'inscrivent dans la logique d'une agriculture productiviste qui ne respecte pas l'environnement. D'abord, ils favorisent souvent l'usage des pesticides qui polluent les sols et les nappes phréatiques. Ensuite, il est prouvé qu'ils menacent la biodiversité animale et végétale. Ils sont toxiques pour certains insectes et peuvent conduire à l'apparition de mauvaises herbes extrêmement résistantes. Pire. En manipulant le patrimoine génétique de certaines plantes, ils créent de nouvelles espèces qui n'auront pas évoluées avec leur environnement.

Une éthique méprisée

C'est aussi d'éthique qu'il s'agit quand on aborde la question des OGM. Peut-on manipuler le vivant ? A quelles conditions ? Jusqu'où ? Les consommateurs ne sont-ils pas les cobayes de quelques multinationales de l'agro-alimentaire ? L'environnement et la santé humaine ne devraient-ils pas primer sur les intérêts économiques de quelques entreprises ? Actuellement, on assiste plutôt à la mainmise d'une petite minorité d'individus peu scrupuleux sur une majorité de paysans et de consommateurs. Les OGM menacent les droits des agriculteurs de produire sans OGM et par là même le droit des consommateurs de manger sans OGM.

OGM : organismes génétiquement modifiés




OGM : organismes génétiquement modifiés

Depuis 1996, Greenpeace se bat contre la dissémination des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Ils présentent beaucoup trop de risques pour que l'on puisse se permettre leur généralisation. Ils sont un danger pour l'environnement, présentent des risques pour la santé et menacent les équilibres économiques et sociaux. Ils posent également des questions éthiques qui n'ont pas fait l'objet d'un débat suffisant.
Greenpeace est opposée à la culture des OGM en plein champ. Parce qu'elle est source de pollution génétique. Parce qu'elle menace la biodiversité. Parce qu'elle contamine inévitablement les filières agricoles traditionnelle et « bio ».
Par contre, Greenpeace n'est pas opposée à la recherche en milieu confiné (sous serre ou en laboratoire), notamment dans une perspective médicale. Nous ne sommes pas contre la recherche ou le progrès. Nous sommes pour que la science profite à tous en respectant l'environnement.
Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Les OGM enrichissent les grandes multinationales comme Monsanto ou Bayer. Elles nous présentent les OGM comme la solution à la faim dans le monde. Mais 99% des céréales génétiquement modifiées n'ont pas un rendement supérieur aux céréales traditionnelles. Elles ne résistent pas non plus à la sécheresse.
En outre, les OGM appauvrissent les petits paysans, standardisent les pratiques agricoles et mettent en danger la biodiversité. Ils vont à l'encontre d'une agriculture durable et arrivent dans nos assiettes sans que nous ayons pu donner notre avis

OGM

http://www.pesticides-lelivre.com/
Pesticides


Un livre de révélations sur les pesticides plébiscité : + de 20000 exemplaires vendus

Notre livre sur les pesticides est déjà, grâce à vous, un grand succès
Oui, il y a scandale. Oui, il y a urgence. Oui, trois fois oui. « La France officielle, la France industrielle, la France des commissions et des instituts, la France des médailles et des révérences ne veut pas savoir ce qui se passe dans ce dossier des pesticides. ». C’est pour cela que nous avons décidé d’informer la France des simples citoyens. Et visiblement ce livre sur les pesticides dérange. Les attaques dénoncés par le Canard Enchaîné dont il est victime en sont la preuve (voir ci contre).
Plus de quatre mois après sa sortie et  malgré les attaques et tentatives de déstabilisation du lobby  nous sommes fiers de constater que "Pesticides, révélation sur un scandale français" est déjà un grand succès, grâce à vous !
Continuons à faire connaître ces révélations sur les pesticides autour de nous. Parlez-en autour de vous. À vos amis, comme aux libraires. Notre conviction profonde est que la France doit affronter les yeux ouverts le terrible dossier des pesticides
 Parlez-en autour de vous.

ACTU-PARAQUAT:  le livre dénonce  le scandale de l'homologation de ce pesticide ultra toxique. Le tribunal de 1ère instance des communautés européennes confirme les propos des auteurs et vient d'annuler l'autorisation de ce pesticide!Cliquez ici pour lire un extrait exclusif du livre consacré à l'affaire du paraquat.Pour plus d'infos sur ce sujet voir ici.

VICTIMES PESTICIDES

La Commission Européenne contourne les règles d’homologation des pesticides


Communiqué de presse
Paris, le 03 avril 2012
Révélations de Générations Futures et de PAN Europe : La Commission Européenne contourne les règles d’homologation des pesticides…avec la complicité des états membres.
Des firmes phytosanitaires ont bénéficié jusqu’en 2012 du maintien sur le marché de dizaines de leurs pesticides, pourtant ‘retirés volontairement’…en 2007 par les firmes elles-mêmes !De plus ces pesticides ont ensuite bénéficié d’une procédure spéciale de ré homologation, dite de “re-soumission”, malgré leur dangerosité ou les manques importants de données les concernant.
>>> Une procédure qui permet le maintien sur le marché de pesticides « retirés volontairement » par les firmes et leur offre une 2° chance d’homologation !
La « Re-soumission » est une nouvelle ‘invention’ mise au point en 2007 dans le secret du Comité Permanent de la Chaîne Alimentaire(1) où siègent des représentants des Etats et de la Commission. Cette invention est formalisée par le Règlement 33/2008. Elle accorde une seconde chance d’homologation à l’industrie pour des pesticides comportant pourtant des lacunes dans les données transmises ou présentant des dangers avérés et qui auraient dû être retirés. Pour pouvoir bénéficier de cette ‘re-soumission’ d’un dossier d’homologation les firmes devront accepter le « retrait volontaire » de leur pesticide du marché. Ces substances officiellement retirées bénéficieront néanmoins d’une généreuse période de plusieurs années de libre accès au marché, dite « période d’élimination progressive étendue » (2) pendant le processus d’homologation jusqu’à fin 2012 et de la possibilité de présenter un « mini dossier».
>>> Une procédure d’homologation par « re-soumission » qui conduit à l’acceptation de pesticides avec des données manquantes ou dangereux !
Nous avons analysé en détail les conditions d’homologation des pesticides dans le cadre de cette procédure de « re-soumission » en nous penchant en détail sur un échantillon de 10 d’entre eux. Dans cet échantillonnage de 10 substances pesticides soumis à la procédure de « re-soumission » et au final tous approuvés, l’évaluation du risque pour l’environnement s’est révélée impossible pour 10 substances sur 10 du fait d’un manque de données ! Dans 8 cas sur 10 l’évaluation du risque pour le consommateur n’a pas pu être finalisée à cause du manque de données. Pour la substance Bromuconazole c’est même 5 données manquantes qui ont été considérées comme acceptables ! (voir rapport complet ci-dessous).
>>> Des décisions qui exposent à des risques inconnus !
Ces décisions exposent les personnes et l’environnement à des risques inconnus. Les manques de données ne sont pas autorisés par la Directive 91/414 (ni par le nouveau Règlement) ; toutes les études de toxicité requises doivent être réalisées !
Notre étude révèle de plus que les Etats Membres et la Commission n’ont jamais interdit dans ce cadre un pesticide seulement pour des risques environnementaux. Dans tous les 10 cas étudiés la condition d’absence d’effets inacceptables pour l’environnement n’était pas remplie. Dans 7 sur 10 des risques élevés pour l’environnement ont même été jugés compatibles avec une autorisation. « Il s’agit d’une violation grave des règles et un mépris systématique pour le principal critère d’approbation des pesticides : l’absence de conséquence inacceptable pour l’environnement. Nous demandons l’annulation de ces homologations non-conformes aux exigences de la directive 91/414 et du nouveau Règlement 1107/2009.» Déclare François Veillerette, Porte parole de Générations Futures.
>>> Pourquoi un tel arrangement ?
La menace d’un grand nombre de procès de la part de l’industrie et le désir du pouvoir politique de ‘finaliser’ l’évaluation des pesticides – plus longue que prévue initialement- sont très probablement la cause de ce ‘deal’ étrange avec l’industrie. Cette dernière n’a pas pu résister à une offre si avantageuse et a finalement présenté 87 dossiers de demande d’autorisation dans ce cadre, paralysant ainsi complètement le système d’évaluation de la DG SANCO et de l’EFSA pendant plus de 3 ans ! Sur ces 87 pesticides présentés, 64 ont été homologués à ce jour.
>>> Une situation de blocage du système !
Tout en faisant un tel cadeau à l’industrie, le travail nécessaire de renouvellement du système d’évaluation des pesticides, tel que requis par le nouveau Règlement 1107/2009, est à l’arrêt et aucun travail n’est fait sur la reconstruction des exigences concernant les tests de toxicité, pourtant dépassés, car la procédure de re-soumission a mobilisé les forces de travail de la DG Sanco pendant des années. Aucun travail n’a pu être accompli pour rénover les vieilles méthodes d’évaluation du risque ou pour avancer sur la voie de la substitution des pesticides.
« Il est inacceptable que les Etats membres et la DG SANCO perdent leur temps avec ces pesticides dangereux uniquement parce qu’ils ont peur de représailles de l’industrie ! Les régulateurs négligent leur mission de protection des personnes et de l’environnement et préfèrent mettre plus de pesticides sur le marché, ce nombre étant passé de 250 en 2008 à 350 à l’heure actuelle! » ajoute Hans Muilerman de PAN Europe.

Propositions pour une refonte du système d'évaluation des risques sanitaire

Générations Futures (Ex-MDRGF)
Générations Futures (ex- MDRGF) est une association de défense de l’environnement agréée, reconnue d’intérêt générale, fondée en 96 par G. Toutain, agronome, et F. Veillerette, enseignant. Nous menons des actions pour informer sur les risques de diverses pollutions ( notamment les substances chimiques surtout les pesticides) et promouvoir des alternatives en vue d'en réduire les impacts négatifs pour la santé et l’environnement. + d'infos sur http://www.generations-futures.fr

Par Stéphane Foucart

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Mettre la question du lien entre santé et environnement au centre de la campagne présidentielle. C'est l'objectif de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) qui organisaient, lundi 16 avril au Sénat, une réunion publique en forme d'interpellation des candidats.

Le Réseau environnement santé (RES), Générations futures, Respire ou encore Robin des toits ont présenté une analyse détaillée des derniers scandales sanitaires ou environnementaux : selon eux, ce sont toujours les mêmes failles du système de l'évaluation des risques qui sont en cause dans ces scandales. Et ce, qu'ils soient liés à l'environnement chimique (pesticides, résidus d'emballages, etc.), aux pollutions atmosphériques ou aux médicaments mis sur le marché.

Les associations proposent aux candidats de refondre entièrement le système de sécurité sanitaire actuel. Car, estime le toxicologue André Cicolella, porte-parole du RES, que ce soit pour l'amiante, le bisphénol A ou le Médiator, "ces scandales ne sont pas le fruit du hasard ou de la fatalité, mais d'un système qui dysfonctionne".

François Veillerette, porte-parole de Générations futures, met en avant l'exemple des insecticides systémiques (Gaucho, Régent ou Cruiser) -utilisés en enrobage des semences -, mis en cause dans les effondrements de colonies d'abeilles. "Au départ, ces produits ont été présentés comme offrant une amélioration en terme de protection des plantes mais aussi en terme d'environnement", raconte M. Veillerette. Ensuite, ajoute-t-il, "la deuxième étape a été une attitude complaisante des agences de sécurité sanitaires", qui a permis une homologation rapide de ces produits. Puis, après quelques années, "sont venues les premières alertes, avec des travaux de scientifiques indépendants" travaillant pour des organismes publics (CNRS, INRA, etc.).

FORTS SIGNAUX D'ALERTE

En France, dès le début des années 2000, des publications scientifiques donnent de forts signaux d'alerte. L'industrie publie alors ses propres études, toujours rassurantes, pour y faire pièce. Mais ce n'est pas tout. Les premiers chercheurs qui documentent les effets délétères de ces pesticides sur les abeilles sont intimidés et mis sous pression, assure M. Veillerette, citant un rapport de 2005 de l'Office parlementaire de l'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

"L'atmosphère particulièrement lourde dans laquelle ces affaires se sont développées mérite d'être relevée et notamment les comportements de l'administration en cause, le ministère de l'agriculture et plus spécialement la direction générale de l'alimentation", peut-on lire dans le rapport. "Une proportion importante des chercheurs travaillant sur ces problèmes a rencontré des difficultés ou a été l'objet de pressions."

On comprend dès lors que la première proposition des ONG soit de rattacher la direction générale de l'alimentation, qui instruit notamment les dossiers d'homologation des pesticides, au ministère de la santé plutôt qu'à l'agriculture. Il faut aussi, ajoutent les associations, créer un "institut de veille environnementale", de même qu'un institut de recherche consacré à la santé environnementale - à l'image du National Institute of Environmental Health Sciences américain. Renforcement des laboratoires de recherche de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et régime de protection des "lanceurs d'alerte" sont également demandés par les associations, pour renforcer la recherche publique face aux études financées par les entreprises.

Stéphane Foucart



Bisphénol A, phtalates... comment s'en passer

Publié par : LE MONDE
Le : 17.04.2012
Par Paul Benkimoun

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Un parc de jeux "tout plastique" à Séoul, en Corée du Sud. Certaines molécules, tels le bisphénol A et les phtalates, sont dangereuses pour la fertilité humaine. Les enfants sont particulièrement exposés lors de leur développement. Un parc de jeux "tout plastique" à Séoul, en Corée du Sud. Certaines molécules, tels le bisphénol A et les phtalates, sont dangereuses pour la fertilité humaine. Les enfants sont particulièrement exposés lors de leur développement. | AFP/KIM JAE-HWAN

Bisphénol A, phtalates à chaînes courtes... Les perturbateurs endocriniens sont sur la sellette. Et de ce fait, une question-clé est posée : celle de la substitution de ces produits interférant avec le fonctionnement hormonal par d'autres, moins toxiques. Une tâche de grande ampleur et un casse-tête pour le législateur, les agences de sécurité sanitaire et les industriels. Pourtant, des alternatives existent.

Un travail de fond est en cours. La Commission européenne s'est attelée à l'élaboration d'une liste prioritaire de substances dont elle entend établir le rôle dans la perturbation endocrinienne. Elle s'appuie pour cela sur le rapport "Evaluation dans les règles de l'art des perturbateurs endocriniens", finalisé en janvier 2012 par le groupe de travail dirigé par Andreas Kortenkamp, professeur de toxicologie humaine à la Brunel University (Londres). Ce document de près de 500 pages fournit une vue d'ensemble sur les liens entre les expositions à ces substances chimiques et les effets chez l'animal et chez l'homme.

En France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publiera en mai une synthèse des contributions qu'elle a reçues, à la suite de son rapport de septembre 2011 sur les effets indésirables et les usages du bisphénol A (BPA). Elle rendra ses propres conclusions sur les risques présentés par ce plastifiant selon les voies d'exposition, d'ici à la fin de l'année.

Les deux principales formes sous lesquelles le BPA est utilisé sont le polycarbonate (qui était employé dans des biberons et l'est encore pour des verres optiques, les CD et DVD) et les résines époxydes (présentes, entre autres, dans les revêtements intérieurs des boîtes de conserve).

"ROLLS-ROYCE DU PLASTIQUE"

Les produits de substitution ne manquent pas. "Il existe 18 familles de molécules représentant des alternatives potentielles au BPA dans ses usages de polycarbonate, et 16 pour les résines époxydes, indique Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques à l'Anses. Cela ne signifie pas que ces solutions soient toutes transposables industriellement et nous ignorons le plus souvent dans quelle mesure la famille alternative présente des risques." "Il n'y a pas de polycarbonate, la "Rolls-Royce du plastique", sans BPA, rétorque Michel Loubry, directeur pour l'Europe de l'Ouest de Plastics Europe, qui rassemble les fabricants européens. Les biberons en plastique sans bisphénol sont généralement en polypropylène, qui est parfaitement sûr pour le contact alimentaire, mais pour lequel nous disposons de cent fois moins d'études que sur le BPA."

Les considérations commerciales ne sont pas absentes. "La mise en avant de l'absence de BPA dans les biberons est purement un argument de marketing car il concerne des produits qui n'en avaient jamais contenu. Ces biberons coûtent quatre fois moins cher à fabriquer que ceux avec le BPA et il faut les stériliser", raille Michel Loubry.

Selon lui, "prendre des décisions tant que la science n'a pas abouti à des certitudes, c'est peut-être prendre le risque de remplacer un produit très bien connu par un autre sur lequel les connaissances scientifiques sont nettement plus légères." A l'inverse, le président du conseil scientifique du programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens, Rémy Slama (Institut national de la santé et de la recherche médicale, Inserm), ironise: "On a trop longtemps utilisé cet argument pour justifier l'immobilisme. Tant que la menace de l'interdiction du produit ne plane pas, il y a des industriels qui traînent les pieds."

En décembre 2011, le député (PS) Gérard Bapt a déposé une proposition de loi visant à interdire le DEHP, le phtalate présentant le plus de risques. "C'est d'autant plus réalisable que des produits de substitution existent déjà. L'entreprise Valmy, à Roanne, fabrique des dispositifs médicaux: tubulures, masques et bientôt tuyaux à oxygène et lunettes sans DEHP. Il a été remplacé par du polypropylène. Aux Etats-Unis, plusieurs firmes ont trouvé des alternatives aux phtalates", affirme-t-il.

"RAPPORT BÉNÉFICE-RISQUE"

Michel Loubry relativise : "C'est une question de rapport bénéfice-risque. Les poches à sang sont toujours en PVC, avec du DEHP comme plastifiant. L'Organisation mondiale de la santé exige qu'on le maintienne car il permet une conservation plus longue des poches de sang." Mener à bien une politique de substitution nécessite au préalable une évaluation des risques. "Le défi est d'une ampleur colossale, insiste Rémy Slama. Pour combler le retard sur toutes les substances suspectées, il faudrait des moyens que nous sommes loin d'avoir. La recherche publique doit pouvoir fournir des tests toxicologiques pertinents." "Les tests dont nous disposons ont été validés spécifiquement pour une hormone et un effet. Or un perturbateur endocrinien peut interagir avec énormément d'hormones. Il faut donc des dizaines, voire des centaines d'outils d'évaluation nouveaux", renchérit Luc Multigner (Inserm U625).

La réglementation européenne sur les perturbateurs endocriniens doit être renforcée. Cependant, la réduction de l'exposition de la population ne sera effective que si les moyens consacrés aux contrôles du contenu des produits fabriqués hors de l'Union européenne suivent. Sans parler d'une harmonisation internationale qu'il faudra encore faire respecter partout.

Paul Benkimoun

Pour en finir avec les scandales sanitaires


http://www.journaldelenvironnement.net/article/sante-environnementale-alertez-les-candidats,28556
>>> Téléchargez le projet de loi et la typologie des scandales sanitaires en fin d'article

"Santé environnementale: alertez les candidats!
Le 16 avril 2012 par Geneviève De Lacour
> Politique & Société, Santé publique, Produits, OGM, Ondes électromagnétiques, Nanos, Présidentielle 2012
Pour l'avenir des générations futures, les ONG veulent réformer le système de sécurité sanitaire
Pour l'avenir des générations futures, les ONG veulent réformer le système de sécurité sanitaire

Quatre ONG, toutes «lanceuses d’alerte» en santé environnementale, ont invité aujourd’hui les candidats à l’élection présidentielle ou leurs représentants à se prononcer sur les questions de santé environnementale. Face aux scandales de l'amiante, du Mediator, du pesticide Gaucho, les associations proposent 25 mesures pour reconstruire la sécurité sanitaire.

«Les lanceurs d’alerte, ça va bien un moment, mais il faut maintenant modifier la manière de prendre les décisions», affirme François Veillerette, porte-parole de Générations futures, qui avec Ecologie sans frontière, réseau Environnement-santé et Robin des toits a invité aujourd’hui 16 avril les candidats à se positionner sur la question de la santé environnementale. Les ONG proposent 25 mesures pour réorganiser le dispositif des agences de sécurité sanitaire et mettre sur pied un droit protecteur du citoyen basé sur le principe de précaution. Ces associations estiment que les lanceurs d’alerte existent à cause d’«un défaut d’expertise» en France.

Dans les faits, le principe de précaution n'est pas véritablement appliqué puisque des technologies majeures comme la téléphonie mobile, les nanomatériaux ou les OGM, sont développées sans évaluation, soulignent les ONG.

Les associations mettent d’abord en avant la création d'un institut de veille environnementale -d’ailleurs prévu par le Grenelle de l'environnement- et de mettre sur pied un institut de recherche en santé environnementale, sur le modèle du Niehs américain. Elles suggèrent d’aligner, en proportion, le budget de cet institut de recherche sur celui du Niehs, soit 120 millions d’euros pour 5 ans. Les ONG insistent sur les besoins de recherche en santé environnementale et proposent le développement de registres par pathologie, ou les registres de jumeaux, particulièrement intéressants, en prenant modèle sur ce qui se fait au Danemark. Elles proposent de créer des instituts régionaux de veille sanitaire sur la base des actuels observatoires régionaux de la santé.

Elles évoquent au passage l’idée de rattacher la direction générale de l'alimentation (DGAL) au ministère de la santé (aujourd'hui dépendant de l'agriculture) et demandent un durcissement des conditions d'évaluation et de mise sur le marché des produits cosmétiques. Elles réclament aussi l’évaluation des dispositifs médicaux selon les mêmes principes que les médicaments, soit une autorisation de mise sur le marché (AMM).

Elles plaident pour la mise en place d'un plan spécifique pour les maladies environnementales émergentes, dans lequel figurerait en bonne place l'hypersensibilité aux champs électromagnétiques qui affecte 5% de la population française, selon elles.

Les associations voudraient aussi rajouter un volet Environnement aux plans nationaux de lutte (contre le cancer, la maladie d'Alzheimer, l'obésité, etc.). «Face à l’explosion de ces maladies chroniques, il faut en saisir les causes, stopper l’épidémie et la faire régresser», explique André Cicolella, président du réseau Environnement-santé.

Elles souhaitent aussi développer des pôles de santé publique au sein de la justice -des pôles qui existent déjà, soit dit en passant. Les associations appellent aussi à la création de postes de procureurs spécialisés sur la délinquance en santé-environnement.

Des ONG qui demandent également l’annulation du décret du 13 juillet 2011 sur la représentativité des associations (voir JDLE).

A 6 jours du premier tour des présidentielles, aucun des 9 candidats invités –le Front national n’ayant pas été convié- n'a répondu à l'invitation des ONG pour cette présentation au Sénat. Cependant, les représentants de François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy, tous sénateurs, sont venus s’exprimer, certains en leur nom propre, comme Chantal Jouanno. Un fait que François Veillerette a regretté car pour lui «aucun représentant de Nicolas Sarkozy n’était présent».

La sénatrice UMP de Paris a expliqué que l’invitation reçue pour ce débat l’avait placée dans une situation difficile car, en poste, «mes positions n’ont pas toujours été suivies». Et l’ancienne ministre de l’écologie de préciser: «Le ministère de l’écologie a été créé autour d’une problématique Climat. L’approche par la santé et l’agriculture aurait été beaucoup plus difficile à mettre en place».
Article du JDLE