lundi 7 mai 2012

Catalogue des biopesticides des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques


Le Catalogue des biopesticides, développé par AAC, dresse la liste des produits homologués pour la lutte contre les ravageurs agricoles dans les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L'objectif du Catalogue est de faciliter la recherche de biopesticides dont l'ingrédient actif peut être un agent non classique, un agent microbien ou un écomone (voir les catégories de biopesticides). Vous trouverez plus bas des renseignements importants sur le fonctionnement de la base de données, ainsi que de l'information générale sur les sources de données utilisées pour créer le catalogue.
Vous pouvez accéder au catalogue en cliquant sur le lien suivant : Outil de la base de données sur les biopesticides.

Sources d'information

La recherche sur les biopesticides a commencé par la consultation de sites Web publics, et dans le cas de la base de données Homologa, par la consultation de ressources licenciées. Les recherches ont également conduit à communiquer avec des fabricants, des distributeurs et des titulaires d'homologation de biopesticides du monde entier qui ont validé l'information et qui ont désigné d'autres produits à ajouter au catalogue.
Nous avons communiqué avec les entreprises par courriel, par téléphone ou par télécopieur afin qu'elles confirment les points suivants pour la plupart des produits énumérés dans le catalogue :
  • le produit est homologué et disponible;
  • les produits mentionnés sur le site Web du fabricant sont actuellement disponibles;
  • le pays de l'homologation;
  • la disponibilité de l'étiquette du produit.
Dans certains cas, les produits ont été considérés comme fabriqués et disponibles que parce qu'ils étaient vendus sur les sites Web des entreprises. Au besoin, les étiquettes des produits qui n'étaient pas en anglais ont été traduites afin que l'information soit consignée dans le catalogue.

Stratégie de recherche et caractéristiques du catalogue

La fonctionnalité de recherche de la base de données a été conçue de façon à rassembler le plus de produits possible pour chaque demande d'information, laissant l'utilisateur décider de la pertinence de chaque produit. La base de données a été élaborée pour : i) éviter de laisser de côté un produit possiblement pertinent; ii) augmenter la probabilité de trouver des produits qui pourraient être pertinents. Pour ce faire, de nombreux termes de recherche générique ont été ajoutés aux listes déroulantes pour les catégories « Culture ou utilisation ciblée »« Organisme nuisible ciblé » et « Ingrédient actif ». Par exemple, la recherche de « maïs » dans « Culture ou utilisation ciblée » permettra de trouver tous les produits dont les étiquettes contiennent « maïs sucré » ou « maïs de champ ». De même, la recherche de « Beauveria » dans « Ingrédient actif », permettra d'accéder à une liste de tous les produits dont l'ingrédient actif est une espèce ou une souche de Beauveria. Lorsqu'un terme de recherche convenable ne se trouve pas dans le menu déroulant, l'utilisateur peut entrer le terme dans la boîte de texte. Pour trouver le plus grand nombre possible de produits à partir d'une demande, la forme du singulier pour les cultures ou les ravageurs est utilisée presque exclusivement en sélectionnant des articles dans les listes déroulantes « Culture ou utilisation ciblée » et « Organisme nuisible ciblé » (p. ex.,« pomme de terre » plutôt que « pommes de terre »« puceron » au lieu de « pucerons »).
Les résultats de recherche sont fournis dans le formulaire de détail du produit qui comprend les préparations, la « Culture ou l'utilisation ciblée », le « Organisme nuisible ciblé » et les homologations de l'OCDE, et ce, pour chaque produit. Les liens « Obtenir davantage d'information » et « Exemple d'étiquette » permettront à l'utilisateur d'analyser les homologations de produits par culture, par ravageur et par pays.
Le commerce des biopesticides est un domaine qui ne cesse d'évoluer, en raison du retrait de certains produits, de l'annulation ou de la péremption d'homologations, des fusions d'entreprises, de la vente des droits afférents à certains produits ainsi que du changement régulier du nom de produits. Pour signaler une erreur ou pour proposer l'inclusion de produits non mentionnés dans le catalogue, veuillez communiquer avec Todd Kabaluk.

Les biopesticides en agriculture biologique


Depuis plusieurs années, le nombre de biopesticides acceptables enregistrés au Canada a augmenté. Même si les producteurs biologiques ne devraient pas se fier aux biopesticides comme principal moyen de lutter contre les ennemis des cultures, ces produits peuvent néanmoins être utiles dans les situations où les pratiques culturales et mécaniques de lutte contre les ennemis des cultures n'ont jamais réussi à maintenir les ennemis des cultures à un niveau acceptable. Cependant, pour que ces produits donnent de bons résultats, il faut que l'utilisateur comprenne de quoi il s'agit et comment ils fonctionnent, puisque leur mode d'action diffère considérablement de celui des produits conventionnels comme le cuivre et le souffre.

Que sont les biopesticides?

Les biopesticides désignent, en gros, les produits de lutte contre les ennemis des cultures qui proviennent de matières naturelles, comme les animaux, les plantes, les bactéries et les minéraux. Ils peuvent être microbiens - l'ingrédient actif est alors un microorganisme bénéfique - ou biochimiques, auquel cas l'ingrédient actif est dérivé d'une substance naturelle qui permet de lutter contre les ennemis des cultures de façon différente (généralement moins toxique) des pesticides conventionnels. Les biopesticides les plus connus sont ceux fabriqués à partir de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt), un insecticide communément utilisé en agriculture biologique, mais de nombreux autres ingrédients actifs sont également disponibles.

Acceptabilité pour l'agriculture biologique

Il importe que les producteurs biologiques comprennent que certains biopesticides ne sont pas acceptables pour l'agriculture biologique. Par exemple, BotaniGard est un bioinsecticide à base de champignons insecticides qui est enregistré pour être utilisé dans certaines cultures en serre, mais les formulations actuellement enregistrées ne sont pas permises en production biologique. Il existe des produits acceptables pour la production biologique faits à partir de ces champignons, mais ils ne sont pas enregistrés actuellement au Canada. Même lorsqu'un biopesticide est généralement acceptable pour la production biologique (p. ex., ceux qui figurent dans les listes de l'Organic Materials Review Institute), il ne sera peut-être pas acceptable pour tous les organismes de certification du Canada. En outre, de nombreux biopesticides largement utilisés par des producteurs biologiques dans d'autres pays ne sont pas enregistrés au Canada et ne peuvent être utilisés légalement ici. C'est le cas, par exemple, des produits à base d'huile de margousier (neem). Très utilisés aux États-Unis, ces produits ne sont pas enregistrés au Canada. Morale de cette histoire : assurez-vous toujours qu'un biopesticide peut être légalement utilisé dans vos cultures et qu'il est acceptable par votre organisme de certification avant de l'utiliser pour la première fois.

Utilisation efficace des biopesticides

Bien que de nombreux biopesticides soient formulés, emballés et appliqués de la même façon que les produits conventionnels de lutte contre les ennemis des cultures, leurs ingrédients actifs sont très différents. Ces produits, dont beaucoup sont à base d'organismes vivants, sont beaucoup plus sensibles aux moindres changements des conditions qui auraient peu d'effets sur le rendement des produits conventionnels. La manutention, l'entreposage et les attentes quant à l'efficacité doivent donc être rajustés. Il faut tenir compte notamment de ce qui suit :
  • Les biopesticides ne sont généralement pas conçus comme « remède miracle » et devraient toujours être utilisés parallèlement avec d'autres stratégies de lutte contre les ennemis des cultures.
  • Le moment de l'épandage est l'un des facteurs qui influent le plus sur l'efficacité des biopesticides. Beaucoup de ces produits sont préventifs et ne seront pas efficaces lorsque des ravageurs seront présents en grand nombre. Cela est particulièrement vrai dans le cas de nombreux biofongicides, qui sont fabriqués à base de microbes utiles qui colonisent les surfaces des racines des plantes et font obstacle aux pathogènes des végétaux. Si le pathogène a déjà envahi les racines avant l'application, le biopesticide n'aura aucun effet. Le moment de l'application peut également être influencé par le stade de vie ou l'activité du ravageur. De nombreux bioinsecticides (p. ex., les produits à base de Bt) sont plus efficaces contre les jeunes insectes et perdent de leur efficacité lorsqu'on les applique à des stades plus avancés de la vie des ravageurs.
  • Il est important également de bien recouvrir la surface des végétaux pour assurer l'efficacité de la plupart des biopesticides. Parce que, pour être efficaces, la plupart de ces produits doivent entrer en contact directement avec le ravageur, toutes les parties de végétaux touchées doivent être bien recouvertes. Cela peut être difficile avec des ravageurs comme les pucerons ou les tordeuses qui se terrent dans des endroits protégés sous les feuilles ou à l'intérieur de celles-ci.
  • Les biopesticides peuvent être extrêmement sensibles aux facteurs environnementaux comme le soleil, la pluie, l'humidité ou la température. L'ingrédient actif dans les produits à base de Bt est sensible aux rayons ultraviolets et une exposition prolongée au soleil peut en réduire l'efficacité. Plusieurs produits sont conçus pour éliminer différents pathogènes dans le sol. Ils contiennent des spores vivantes de microbes utiles qui cessent d'être actives lorsque la température du sol est basse et qui, par conséquent, perdront de leur efficacité s'ils sont appliqués dans des sols frais.
  • À cause de leur sensibilité à l'environnement, beaucoup de biopesticides ont une activité résiduelle limitée. Les biopesticides qui forment une barrière sur les surfaces exposées des végétaux (p. ex., Surround WP, enregistré pour supprimer les insectes sur certaines cultures) sont souvent délogés par le vent ou la pluie. D'autres se dégradent rapidement et perdent leur capacité à long terme. Pour ces produits, il peut être nécessaire de répéter les applications.
  • Les biopesticides peuvent également être touchés par les conditions des réservoirs de solution à pulvériser. Les facteurs dont il faut tenir compte comprennent la température, le pH et d'autres composés de l'eau de vaporisation, la compatibilité avec d'autres produits et la durée de vie de la solution à pulvériser. Par exemple, certains biofongicides qui contiennent des champignons bénéfiques ne devraient pas être mélangés dans le réservoir avec des fongicides. D'autres produits se décomposent ou s'altèrent quand on les laisse dans les réservoirs pendant de longues périodes. Soyez donc vigilants et vérifiez si l'étiquette précise que le produit devrait être utilisé dans un certain délai après avoir été mélangé à l'eau.
  • Parce que les biopesticides contiennent souvent des organismes vivants, leur entreposage peut nécessiter des soins particuliers. Il n'est pas rare de lire sur les étiquettes qu'un produit peut être conservé pendant plusieurs mois s'il est réfrigéré mais pendant quelques semaines seulement s'il est entreposé à température ambiante. Cela contraste avec beaucoup de produits conventionnels qui peuvent souvent être entreposés pendant des périodes bien plus longues.
En conclusion, les biopesticides peuvent être un outil utile pour lutter contre les ennemis des cultures plus coriaces dans les systèmes de production biologique. Cependant, il est important de vous assurer que les produits sont enregistrés au Canada et acceptables pour votre organisme de certification. En outre, il est particulièrement important de suivre le mode d'emploi et les directives d'entreposage se trouvant sur l'étiquette pour assurer l'efficacité optimale du produit. Ces produits donneront des résultats décevants si vous ne suivez pas minutieusement les consignes concernant le moment de l'application et les conditions de l'environnement. Par ailleurs, il est important d'établir un équilibre entre le niveau de suppression des ennemis des cultures et les coûts associés à l'épandage du produit. Pour ce faire, il peut être utile de laisser une partie du champ non traitée comme contrôle lorsque vous essayez des biopesticides.

DOCUMENTS


OGM: y a-t-il des traits de sortie en vue?

Les traits d'entrée (Input Traits) donnent au producteur des moyens plus efficaces pour gérer ses cultures. Jusqu'à présent la résistance aux insectes (gènes multiples empilés contre des lépidoptères), la résistance aux herbicides, et le « refuge dans la boîte » sont les produits offerts par les semenciers pour diverses grandes cultures comme le maïs, le soja, le colza ou le coton. D’autres traits d'entrée sont en développement pour obtenir la résistance aux maladies (contre les virus ou les champignons), ou la tolérance à la sécheresse et au sel. Il n'est pas certain que de tels développements seront réalisés par la technologie génétique ou par des techniques classiques de sélection.>
Les traits de sortie (Output Traits) visent à changer la composition du produit agricole lui-même, afin d'améliorer l'alimentation humaine ou animale, ou pour améliorer les caractéristiques de la biomasse. C’est un tout autre jeu puisque le produit est fait pour induire des changements dans le régime alimentaire et dans le métabolisme du corps du consommateur.
Il semble que le développement de traits de sortie est bloqué, limité à quelques grandes entreprises agro-alimentaires, et que des investissements dans les biotechnologies vertes restent faibles ou même nuls.
Des raisons techniques, réglementaires et commerciales peuvent expliquer cette lente évolution. Des coûts élevés dus à la réglementation et une relativement faible compétitivité de la valeur ajoutée de l’organisme modifié réduisent l'attrait de tels projets.
Lire plus de détails (document en anglais)...

Pourquoi les pesticides biologiques n'ont pas un grand succès commercial?

Des agents de lutte biologique, également appelés biopesticides, sont utilisés dans l'agriculture et en hygiène publique comme une alternative aux produits chimiques de synthèse pour prévenir ou réduire les dommages que des insectes ravageurs ou des agents pathogènes infligent aux plantes, aux animaux et aux êtres humains. Le contrôle est réalisé soit par éradication du ravageur, inhibition de son développement, ou en activant des mécanismes de défense de la plante.
Alors que l'industrie des produits phytosanitaires chimiques a atteint des ventes de 45 milliards de dollars, le marché des agents de lutte biologique stagne à un bas niveau.
Dans ce document les facteurs affectant le développement des biopesticides sont analysés et quelques conclusions sont tirées.

Agriculture durable et productive:

Au cours des quarante prochaines années l'humanité devra faire face à l'immense défi de se nourrir bien et d'une manière durable.
L'agriculture doit continuer à accroître sa productivité et, étant donné qu'aucune nouvelle zone cultivée ne sera disponible, cela devra passer par l'intensification.
Des politiques contre-productives devraient être remises en question, telles que les subventions agricoles ciblées à un niveau local, le soutien de l'agriculture biologique, et l'application stricte et étroite du principe de précaution.
L'argent public devrait plutôt être consacrés à mettre en œuvre des solutions réelles à la question de l'intensification, et aider à en vulgariser les résultats.
Des connaissances, des produits et méthodes peuvent être développés pour atteindre cet objectif double: une agriculture durable et intensive.

Biopesticides : une alternative aux pesticides conventionnels ?



Les problèmes de protection des cultures qui se posent à l'humanité aujourd'hui sont aussi nombreux et divers qu'ils ont pu l'être tout au long de l'histoire de l'agriculture depuis plus de 10 000 ans. Que ce soient les livres sacrés comme le Veda en Inde, ou la Bible dans le bassin méditerranéen, les vestiges préhistoriques en Dordogne ou les papyrus égyptiens, de nombreux exemples illustrent que la survie de l'espèce humaine dépend de sa capacité à protéger les végétaux essentiels à son alimentation, dans les champs ou après la récolte. Car comme le soulignait Pierre Ferron, Directeur de recherche honoraire de l'INRA, la préservation des cultures et des récoltes s'inscrit comme «un phénomène de compétition entre consommateurs au premier rang desquels s'affrontent l'Homme, l'Insecte et le Rongeur ».
Combat éternel mais qui a changé de nature et d'échelle car moins que jamais aujourd'hui, avec l'avènement d'une agriculture spéculative et productiviste, on est disposé à tolérer ces pertes qui caractérisaient l'agriculture vivrière des siècles passés et qui sont provoquées par les déprédations des insectes, acariens, nématodes, oiseaux et autres rongeurs, ainsi que par les maladies dues aux agents pathogènes. En effet, face à l'expansion démographique et dans le cadre de la mondialisation, il importe que l'agriculture soit de plus en plus performante afin de satisfaire les besoins, alimentaires mais aussi non alimentaires, toujours accrus, en produits agricoles de la population planétaire.
Dans ce contexte, le développement des pesticides chimiques, dont la production était aisée et les coûts peu élevés, a constitué à la charnière de la moitié du 20è siècle, une révolution technologique dans le domaine de la protection des cultures. Mais les succès qu'ils rencontrèrent immédiatement dans le contrôle des espèces nuisibles aux cultures ainsi qu'à la santé humaine et animale, ont conduit à leur utilisation intensive et souvent sans discernement. On connaît la suite : des désordres écologiques à de multiples niveaux, et le numéro de l'été (n° 72) de cette revue s'est fait l'écho de la contamination des eaux par ces pesticides conventionnels.
Aussi de nombreuses initiatives sont déployées depuis plusieurs années pour développer des méthodes alternatives à l'utilisation de ces pesticides chimiques. Nous vous proposons d'examiner les méthodes qui ont trait à l'emploi de que l'on appelle communément les biopesticides et de voir dans quelle mesure ils sont prêts à prendre la relève du « tout chimique ».

Qu'est ce qu'un biopesticide ?

En premier lieu il faut préciser ce qu'on entend par biopesticides car le terme fait débat. Sémantiquement le mot est formé de « pesticides » qui veut dire «tuer les pestes » et du préfixe « bios » qui signifie « vie » en grec. L'antinomie de ces deux termes soulignent que les biopesticides s'inscrivent dans la lutte contre les organismes fléaux et sont basés sur l'utilisation d'agents ou facteurs liés à la vie. Longtemps on a débattu pour savoir s'il fallait prendre en considération comme biopesticides les seuls organismes vivants antagonistes aux fléaux ou si des molécules biosynthétisées et des composés extraits d'un organisme vivant pouvait être considérés comme biopesticide. Aujourd'hui, la définition retenue est la plus large.

De la même manière on s'est posé la question de savoir s'il fallait prendre en considération non seulement les substances biologiques qui tuaient les fléaux mais aussi ceux qui diminuaient la pression des bio-aggresseurs sur un organisme attaqué sans pour autant les tuer. Certains modes d'action sont en effet non toxiques pour le fléau. Par ailleurs, il apparaît de plus en plus que le fait de tuer l'organisme fléau, voire de l'éradiquer d'un milieu peut présenter plus d'inconvénients que d'avantages pour un respect de l'équilibre des écosystèmes et de l'environnement. Aussi certains experts et chercheurs proposent de remplacer le terme de biopesticides par celui de « Biocontrol Agents (BCAs) » qui devrait être traduit rigoureusement en français pour respecter ce concept par « produits de protection des plantes à base d'agents biologiques ou de produits naturels », la traduction littérale de l'expression anglaise « agents de contrôle biologique » pouvant prêter à confusion. La longueur de la périphrase n'est pas de nature à populariser l'emploi de cette dernière. Sans doute faudrait-il créer le néologisme d' «agents de biocontrôle (ABC) » ?
Il faut donc considérer aujourd'hui qu'un biopesticide se définit comme tout produit de protection des plantes à base d'organismes vivants ou substances, d'origine naturelle c'est-à-dire issus de la co-évolution des espèces et donc qui ne sont pas issus de la chimie, dont l'utilisation pour le contrôle d'organismes fléaux ou bio-aggresseurs, est préconisée pour un meilleur respect des biocénoses et de l'environnement. En effet, les biopesticides présentent plusieurs avantages écologiques : biodégradabilité, sélectivité de leur activité et diminution des effets non intentionnels sur les espèces non cibles, diminution des résistances pour certains d'entre eux.

D'après cette définition, les organismes génétiquement modifiés (OGM) qui ne sont pas issus de la co-évolution des espèces et dont on a trop peu de recul en matière d'impact sur les biocénoses et sur l'environnement devraient être exclus pour le moment du champ des biopesticides. Cette position va à l'encontre de celle de l'organisme américain EPA : Environnemental Protection Agency mais est en accord avec les directives européennes qui traitent de manière différente le cas des OGM et des PPP (produits de protection des plantes).

Quels types de biopesticides sont aujourd'hui commercialisés ?

Cette définition, qui est très large, englobe donc des biopesticides de plusieurs sortes.
On distingue les biopesticides commercialisés à base d'organismes vivants. Une grande diversité d'organismes biologiques est utilisée dans des formulations phytosanitaires :
- des bactéries entomopathogènes, ou antagonistes de champignons pathogènes ;
-des virus entomopathogènes, ou des mycovirus entrainant une hypovirulence des souches fongiques et des phages (virus) lysant des bactéries ;
- des champignons entomopathogènes, herbicides, ou antagonistes ;
- des protozoaires entomopathogènes ;
- des arthropodes parasitoïdes et prédateurs ;
- des nématodes entomophatogènes ou mycophages.
Ces organismes s'attaquent au potentiel biotique de l'organisme fléau à différents stades de son développement. Leur emploi constitue ce qu'il est convenu d'appeler la lutte biologique classique qu'illustre si bien l'image de la coccinelle se nourrissant de pucerons ! En France, le guide phytosanitaire ACTA 2007 indique plus d'une cinquantaine de micro-organismes et macro-organismes utilisés comme matières actives et commercialisés dans des spécialités.
Dans un autre registre, une autre catégorie de biopesticides est basée des substances biologiques naturelles. Il s'agit essentiellement des composés intervenant dans l'interaction ou la communication au sein des espèces où entre les espèces. Les phéromones et les molécules allélochimiques de plantes (ou substances botaniques) représentent actuellement une part importante des composés développés commercialement. Certains auteurs y rangent également les éliciteurs biotiques, c'est-à-dire des composés qui stimulent les réactions de défense des plantes, ce qui les rend moins vulnérables aux bio-agresseurs.
Les phéromones sont principalement utilisées pour perturber le comportement des insectes ou les attirer dans des pièges. Ainsi, l'utilisation d'hormones sexuelles visent à gêner le renouvellement des générations en empêchant les accouplements (technique de la « confusion sexuelle ») ou en décimant les mâles. Dans ce cas le piégeage sexuel par une hormone femelle sexuelle associée à un piège englué qui capture le mâle : cette utilisation des phéromones vise aussi à la détection des ravageurs dans les cultures. On peut aussi utiliser des phéromones d'agrégation qui attirent mâles et femelles dans un piège contenant, outre la phéromone, un insecticide puissant : c'est la technique « lure and kill ».