Les enjeux de l'agriculture de demain
Les systèmes de production actuels, hérités de la phase de modernisation agricole, doivent évoluer pour répondre aux défis de demain. Enjeux environnementaux et sanitaires en font partie. Le pôle EGER de l'INRA fait le point.
L'agriculture doit évoluer. L'utilisation excessive de produits phytosanitaires, les techniques de travail des sols et l'organisation de la production doivent nécessairement s'adapter pour répondre aux enjeux actuels. Changement climatique, épuisement des ressources fossiles mais aussi enjeux environnementaux (protection de la biodiversité, lutte contre les pollutions…) et sanitaires imposent un changement de modèle pour tendre vers plus de durabilité.
Le système de culture intensif, fondé sur la recherche de forts rendements et donc très consommateur de pesticides, lancé après-guerre, reste le modèle dominant aujourd'hui en France. Pourtant, d'autres voies montrent que d'autres modes de productions sont possibles : l'agriculture intégrée voire raisonnée ou encore biologique.
Le système de culture intensif, fondé sur la recherche de forts rendements et donc très consommateur de pesticides, lancé après-guerre, reste le modèle dominant aujourd'hui en France. Pourtant, d'autres voies montrent que d'autres modes de productions sont possibles : l'agriculture intégrée voire raisonnée ou encore biologique.
Le pôle EGER de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) fédère des unités de recherche travaillant sur les thématiques de l'agriculture et l'environnement. L'objectif est de répondre aux demandes sociétales d'adaptation des systèmes de production. Une dizaine d'unités pluridisciplinaires travaillent actuellement sur ces sujets. Un forum était organisé le 25 juin dernier sur le thème « concevoir l'agriculture du futur ».
Emettre moins de gaz à effet de serre
Comme toutes les activités humaines, l'agriculture est source de gaz à effet de serre. Selon l'INRA, elle aurait contribué en 2008 à 20 % du pouvoir de réchauffement global. Les principales émissions directes concernent le méthane et le protoxyde d'azote. L'agriculture serait à l'origine de 80 % des émissions de méthane, principalement liée à la fermentation entérique des ruminants. 83 % des émissions de protoxyde d'azote en France proviendraient des sols cultivés, conséquence de la fertilisation azotée des cultures et prairies, incluant les apports d'effluents organiques. Les émissions de dioxyde de carbone sont quant à elles limitées (2 %) car seule la consommation de carburants fossiles est prise en compte.
La recherche travaille aujourd'hui à l'élaboration de systèmes de production avec pour objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre. Mais il reste difficile d'évaluer précisément ces flux d'émissions diffuses, qui dépendent également d'autres variantes (climat, sol…).
Utiliser moins de pesticides
Les pesticides utilisés pour traiter les cultures persistent en partie dans les sols et sont également transférés dans les eaux de surface et l'atmosphère. Cette dispersion dans l'environnement est problématique en France, d'autant que le pays est le premier consommateur de produits phytosanitaires européen. La société s'oppose d'ailleurs de plus en plus à l'usage de ces substances, en raison de leur dangerosité pour la santé et l'environnement. Selon un sondage Ifop / Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (MDRGF), paru en octobre 2008, 95 % des personnes interrogées jugeaient très important (70 %) ou important (25 %) que les agriculteurs diminuent de moitié la fréquence des traitements des cultures par des pesticides dans les 10 ans à venir.
Si la recherche travaille à une amélioration des produits utilisés afin de favoriser une meilleure dégradation des molécules (substances plus efficaces à plus faible grammage), une révolution des modes de culture est aujourd'hui indispensable. En effet, les pratiques agricoles actuelles sont très dépendantes des pesticides, qui constituent, selon l'INRA, la pièce maîtresse autour desquels les systèmes de cultures sont produits.
La lutte non chimique doit être développée, accentuée. La recherche exploite diverses voies aujourd'hui : lutte génétique (sélection des plantes les plus résistantes, croisements…), changement de pratiques (labour, rotation des cultures…)… Si la première solution pose un problème de diversité des cultures, la deuxième est sérieusement envisagée : la voie empruntée par l'agriculture biologique montre qu'une diminution importante de l'utilisation des pesticides est possible aujourd'hui. Les solutions existeraient aujourd'hui pour de nombreuses cultures mais ne sont malheureusement que trop rarement mises en œuvre. La dissémination de ces pratiques tarde !
Protéger les sols
L'agriculture participe également, avec l'industrie et les autres activités humaines, à la modification et donc à la fragilisation des sols. Pollutions multiples mais aussi érosion, tassement (…) conduisent à une perte de la fonction des sols aujourd'hui, pourtant indispensable pour la sauvegarde de la biodiversité mais aussi pour de nombreux services (filtration de l'eau, captage de carbone…). Un changement des pratiques est là aussi nécessaire pour lutter contre l'appauvrissement des sols.