lundi 30 avril 2012

Irrigation en CLEF DE SEL



 
L’eau, même douce, contient des sels dissous, en quantité plus ou moins importante. L’irrigation, année après année, par une eau même très légèrement salée, va augmenter la quantité de sels dans le sol : l’eau est en effet absorbée par les plantes, ou s’évapore, mais le sel, qui ne traverse pas la barrière racinaire, est retenu dans le sol. Le phénomène est accéléré et amplifié lorsque cette eau est plus chargée en sels. Or l’augmentation de la teneur en sel des sols entraîne à terme une toxicité pour les végétaux, ainsi qu’une dégradation des sols. En parallèle, l’eau devient de moins en moins facilement absorbable par les plantes, qui doivent consacrer une énergie croissante pour l’extraire du sol. Ainsi les conditions de forte salinité provoquent une sécheresse physiologique et un flétrissement des végétaux, car les racines ne sont plus capables d’extraire suffisamment d’eau du sol, alors que le sol peut sembler encore très humide !
+ d’infos sur les sols salés : ici

Zones concernées
Ces phénomènes sont encore plus marqués dans les zones semi arides ou arides, plus exigeantes en irrigation : les quantités de sels accumulées sont directement liées aux doses totales d’irrigation. Ces sels dissous sont essentiellement des ions sodium (Na+), dont l’accumulation va entraîner progressivement la formation de sols sodiques, très peu fertiles. D’après la FAO, la salinisation des sols due à l’irrigation réduit la surface des terres irriguées de 1 à 2 % par an. Les terres semi arides et arides sont les plus touchées (presque un quart d’entre elles). L’Afrique du Nord, le Moyen Orient et l’Inde sont de plus en plus menacées. Si la France n’est pas touchée à grande échelle par ce phénomène, la question de la possibilité d’irriguer avec des eaux salées se pose dans certaines situations littorales, où l'infiltration d'eau de mer induit un risque important de salinité de l'eau d'irrigation, aggravé en cas de sécheresse.  

Critères de qualité des eaux d’irrigation
Cinq critères permettent d’apprécier la qualité de l’eau d’irrigation. Ils sont applicables à toutes les cultures :
  • Salinité : contenu total en sels solubles, apprécié par la conductivité électrique
  • Sodium : proportion relative des cations sodium (Na+) par rapport au calcium et magnésium, appréciée par le SAR1  (sodium adsorption ratio)
  • Alcalinité et Dureté : concentration en carbonate (CO32-) et en bicarbonate (HCO3-), en relation avec la concentration en calcium (Ca2+) et en magnésium (Mg2+)
  • Concentration en éléments toxiques : sodium, chlore, bore par exemple
  • pH de l’eau d’irrigation 
     
Salinité Les principaux sels responsables de la salinité de l’eau sont le calcium, le magnésium, le sodium, les chlorures, les sulfates et les bicarbonates. Une valeur élevée de la salinité traduit une quantité importante d’ions en solution et rend plus difficile l’absorption de l’eau et des éléments minéraux par la plante. Une salinité trop élevée peut causer des brûlures racinaires.
La salinité est souvent évaluée par la mesure de la conductivité électrique (CE), exprimée en mS/cm. 1 mS/cm correspond en moyenne à 640 ppm de sels.
En dessous de 0,70 mS/cm, le rendement des cultures annuelles n’est généralement pas affecté par la salinité. Entre 0,70 et 3,0 mS/cm, le maintien des rendements nécessite des façons culturales adéquates. Par exemple on peut être amené à augmenter la dose d’irrigation en l’associant à du drainage, gypsage…).
Dans le cas particulier des gazons, une CE de 0,75 mS/cm est la limite approximative pour la croissance, sans avoir à mettre en place des interventions en relation avec la salinité.
  • Sous 0,40 mS/cm, la croissance de la plupart des gazons est bonne.
  • Entre 0,25 et 0,75 mS/cm, l’eau peut être utilisée sur les sols présentant un bon drainage et pour les gazons peu sensibles à la salinité (comme la fétuque élevée).
  • Entre 0,75 et 2,25 mS/cm, l’eau ne devrait pas être utilisée dans les sols peu drainants. Cette eau ne peut pas être utilisée pour l’irrigation des végétaux sensibles au sel (comme le pâturin des prés ou la fétuque rouge), même sur les sols présentant un bon drainage.
  • Au delà de 2,25 mS/cm, l’eau ne doit pas être utilisée en irrigation des gazons.
 
Sodium et SAR
Le sodium a un impact négatif sur la perméabilité du sol et sur l’infiltration de l’eau. Il remplace le calcium et le magnésium adsorbés sur les feuillets d’argile et provoque la dispersion des particules du sol. Les conséquences observées sont la déstructuration des sols argileux, qui deviennent compacts et risquent une prise en masse, et la réduction de leur perméabilité à l’origine de risques d’asphyxie racinaire. La perméabilité des sols sableux peut ne pas se détériorer aussi vite que celle des sols plus lourds lorsqu’ils sont irrigués avec une eau de forte teneur en sodium, mais un risque potentiel existe.
Mais l’effet du sodium d’une eau d’irrigation dépend aussi de la concentration en calcium et magnésium de celle-ci. Le SAR permet de tenir compte des effets mutuels du sodium, du calcium et du magnésium.
SAR = Na / √((Ca + Mg)/2)

Les éléments doivent être exprimés dans la même unité (meq/L en général).
  • Lorsque le SAR est inférieur à 10, l’eau peut être utilisée pratiquement sur tout type de sol, sans risque notable d’accumulation du sodium à un niveau dommageable.
  • Entre 10 et 18, les risques d’accumulation de sodium et de dommages sont réels pour les sols de texture fine et de capacité d’échange cationique (CEC) élevée. Mais l’eau peut être utilisée dans les sols sableux bien drainants.
  • Entre 18 et 26, l’utilisation de l’eau peut aboutir à des niveaux dommageables de sodium dans pratiquement tous les types de sols. Les interventions telles que le gypsage et le drainage peuvent être nécessaires pour échanger les ions sodium.
  • Lorsque le SAR est supérieur à 26, l’eau est généralement inadéquate pour l’irrigation.
     
Alcalinité et dureté Dans la plupart des cas, les carbonates sont présents dans les eaux sous forme de bicarbonates HCO3- en équilibre électrique avec des charges positives : calcium ou magnésium.
Ces ions, au contact de l’atmosphère chargée en CO2 et en présence de calcium, précipitent sous forme de carbonates calciques CaCO3. Ils peuvent ainsi provoquer le colmatage des circuits d’arrosage par entartrage.
 
Concentration en éléments toxiques
Certains sels peuvent être gênants quand ils se trouvent naturellement en quantités supérieures aux exportations classiques des végétaux.
Le chlore par exemple n’est indispensable à la plante qu’en quantités infinitésimales. Il est rarement utile. Certaines plantes sont tolérantes au chlore comme la  betterave à sucre, la tomate, l’orge, l’épinard. Par contre d’autres plantes sont sensibles à sa présence comme la plupart des arbres fruitiers ; le tabac, la pomme de terre, la laitue les haricots.
Globalement pour la plupart des espèces la teneur des  chlorures dans l’eau ne doit pas dépasser 250 mg/l. Elle devra être inférieure à 35 mg/l pour des plantes sensibles telles que le tabac, les fougères, les azalées…
 
Pilotage délicat de l’irrigationPlus encore qu’avec des eaux douces, la gestion de l’irrigation avec des eaux salées devra tenir compte des caractéristiques du milieu. Si l’évaporation est importante, il faut éviter un trop faible apport en eau, car celle-ci serait évaporée avant d’avoir pu irriguer complètement les plantes et le sol : les sels dissous s’accumuleraient dans les premiers horizons. A l’inverse, dans les situations où l’eau s’infiltre lentement et s’accumule en profondeur, on peut observer une remontée des eaux souterraines par capillarité. Cette action capillaire ramène vers la surface les sels dissous situés en profondeur. Un phénomène comparable peut être observé avec les remontées de nappes souterraines d’eau saumâtre. Les apports en eau pour l’irrigation doivent donc être calculés en fonction des taux d’évaporation, de la proximité et de la qualité des eaux souterraines, et de la teneur en sels du sol et de l’eau.

vendredi 27 avril 2012

Bulletin de santé du Végétal


Centre : Céréales à paille, protéagineux, pomme de terre

Consultez les derniers Bulletins de santé du végétal publiés dans l'Hexagone.



Aujourd'hui, les BSV Céréales à paille n°16, BSV Protéagineux n°5 et BSV Pomme de terre n°2 pour le Centre sont disponibles.

La majorité des parcelles de blé dans la région sont au stade 2-3 noeuds. Le risque des maladies fongiques progresse avec les dernières pluies, et tout particulièrement la rouille jaune avec les températures fraîches actuelles. Surveillez de près cette maladie. Le retour d'un temps plus doux devrait également favorisé l'expression de la rouille brune et accéléré le temps d'incubation de la septoriose. La majorité des orges d'hiver atteignent désormais le stade gonflement. Les maladies à surveiller de près sont l'helminthosporiose, la rhynchosporiose, et la rouille naine.
Pour en savoir plus sur la septoriose du blé tendre, cliquez sur le lien.


Les stades des pois de printemps s'échelonnent de 3 à 11 feuilles, tandis que les stades des pois d'hiver se situent entre 12 feuilles et début floraison. Le climat humide et frais est défavorable à l'activité des ravageurs. L'anthracnose est encore peu présente mais le retour de températures clémentes devrait favoriser le développement de cette maladie. Soyez vigilant.

Maladies du blé tendre


La septoriose progresse à la faveur des pluies d’avril et mai

La septoriose est l’un des principaux bioagresseurs du blé fortement préjudiciable. Cette maladie causée par l’agent pathogène Mycosphaerella graminicola (anamorph Septoria tritici) peut entraîner d’importantes pertes de rendement. Sa nuisibilité moyenne interannuelle est de 17 q/ha mais les dégâts peuvent s’élever jusqu’à 50 % dans les situations les plus exposées.

La septoriose se reconnaît grâce aux taches présentes sur le feuillage. Elles peuvent être blanches et allongées ou brunes, de formes ovales ou rectangulaires. Au sein de ces taches, des pycnides noires (petits points noirs très visibles) sont présents et caractéristiques  de la maladie.

Un champignon qui se propage via les éclaboussures de pluie

A la faveur de l’humidité ambiante ou de pluies, les pycnides se gorgent d’eau, gonflent, et les spores sont expulsées sous forme de gelée sporifère transparente appelée « cirrhe ». Celles-ci sont alors disséminées vers les feuilles supérieures via les éclaboussures de pluie. La progression de la maladie se fait donc de la base vers le haut de la plante, les pluies sont le moteur de l’épidémie.

La variété est le premier moyen de lutte agronomique pour maîtriser la septoriose

Différentes méthodes de lutte peuvent être mises en œuvre pour limiter les contaminations deSeptoria tritici. Le choix variétal constitue le levier le plus efficace de la lutte agronomique. Le choix d’une variété tolérante à la septoriose permet d’abaisser la pression parasitaire et donc la nuisibilité Cependant, l’efficacité n’est que partielle et la variété résistante à toutes les maladies n’existe pas !

Figure n°1 : Niveau de résistance des variétés de blé tendre à la septoriose

niveaux de resistance des differentes varietes de ble tendre a la septoriose

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

D’autres facteurs agronomiques influencent secondairement la pression parasitaire et peuvent être utilisés en combinaison du choix variétal. Le choix de la date de semis pèse également dans la gestion du risque septoriose. Ainsi, des blés semés tardivement sont en général moins touchés car ils échappent aux premières contaminations par voie ascosporée. L’inoculum est alors moins important en sortie d’hiver. Eviter les semis trop précoces (fin septembre) permet de limiter le développement de la septoriose, tout en préservant la productivité.

Pour la septoriose, les densités élevées sont associées à une plus forte pression de la maladie mais leur effet reste irrégulier.  À   l'inverse, les très faibles densités peuvent limiter la pression de maladie, mais aussi affecter le rendement. Un compromis est à trouver et a minima les densités excessives sont à éviter.
Enfin, d’une manière générale la succession blé sur blé et la présence de résidus en surface pourrait favoriser la maladie. Toutefois, à la différence du piétin-verse, la septoriose n’est pas une maladie à caractère parcellaire et pour laquelle l’inoculum initial pourrait être limitant.

La période de prise en compte de la septoriose démarre au stade 2 noeuds

A partir du stade 2 noeuds, observer la F2 du moment (F4 définitive) sur une vingtaine de plantes, en ne comptant que les feuilles déployées. A partir du stade dernière feuille pointante, observer la F3 déployée du moment (F4 définitive).
  • Pour les variétés sensibles (notes 4 à 6): si plus de 20% des feuilles observées présentent des taches de septoriose, réaliser un traitement avant les prochaines pluies.
  • Pour les variétés peu sensibles (notes 7) : le seuil de feuilles atteintes est modifié à 50%.

Figure n°2 : Seuils d'intervention de la septoriose pour le blé tendre

seuils de declenchement de traitement de la septoriose sur ble tendre

Mots-clés

Toxicologie des produits phytosanitaires


Toxicologie des produits phytosanitaires
 CC CORROSIF
 EE EXPLOSIF
 FF FACILEMENT INFLAMMABLE
 F+F+ EXTREMEMENT INFLAMMABLE
 NN DANGEREUX POUR L'ENVIRONNEMENT
 OO COMBURANT
 TT TOXIQUE
 T+T+ TRES TOXIQUE
 XIXI IRRITANT
 XNXN NOCIF
Local phytosanitaire


Intérêts:
Le stockage des produits phytosanitaires dans un local dédié à cet effet a 4 grands intérêts :
>> Assurer la sécurité et la protection des personnes: un local fermé à clef permet d'éviter tout contact de tiers avec des produits dangereux.
>> Assurer la protection de l'environnement : un stockage en un lieu unique permet de contrôler au mieux toute fuite de produit.
>> Conserver la qualité et de l'efficacité des produits stockés : un stockage à l'abri du gel, de l'humidité et de la chaleur par exemple permet de ne pas altérer la qualité des produits stockés.
>> Gérer au mieux les stocks des différents produits phytosanitaires : un rangement rationnel permet de mieux gérer le stock et d'éviter des confusions à l'utilisation
Obligations et recommandations :
Local
1. Local fermé à clé
Local spécifique aux produits phytosanitaires
La porte doit s'ouvrir vers l'extérieur.
2.Local ventilé et frais.
3.Installation électrique conforme à la norme NF-C 15-100.
4.Numéro d'appel d'urgence visible et liste des produits homologués en stock (à jour).
5.Sol étanche avec récupération des eaux, non glissant et facilement nettoyable.
6.La marchandise ne touche pas le sol.
7.Matières absorbantes (sciure, sable...).
8.Extincteur poudre ABC à l'extérieur.
9.Point d'eau à proximité.
10.Local éloigné des habitations.
11.Interdiction de fumer dans le local.
12.Produits très toxiques dans une armoire fermée à clé ou tout du moins séparés des autres prduits.
13.Produits rangés par famille.
14.Equipement de sécurité à portée de mains (extérieur au local).
15.Etagères fixées en matériaux imperméables.
16.Stocker les produits dangereux à hauteur d'homme.
17. Conserver les produits dans leur emballage d'origine.
Source: Charrière-distribution

Collecte des emballages de produits phytosanitaires
ADIVALOR
Différentes collectes d'emballages de produits phytosanitaires sont réalisées tout au long de l'année par les coopératives agricoles et négoces en coopération avecADIVALOR:
>> EVPP : Emballages Vides de Produits Phytosanitaires
Les emballages doivent être rincés 3 fois et rincés. Les bouchons doivent être séparés.
Les déchets sont incinérés et une énergie est ainsi produite: l'incinération d'un bidon de 5L permet d'alimenter une amploue de 60W pendant 8h.
>> PPNU : Produits Phytosanitaires Non Utilisables
Cette collecte permet de récupérer les produits qui ne sont plus homologués.
Ces différentes collectes permettent de rentrer dans le cadre de la législation car le brûlage des emballages et le dépot de ces derniers aux ordures ménagères est interdit.
Pour en savoir plus sur ces collectes et les dates de ces dernières dans vos régions vous pouvez consulter le site http://www.adivalor.fr