vendredi 27 avril 2012

Agriculture raisonnée : Définition


L'agriculture raisonnée est un mode de production agricole dont le principal objectif est d'optimiser le résultat économique du producteur tout en maîtrisant les quantités d'intrants (en particulier les substances chimiques telles que les engrais ou autres produits phytosanitaires) afin de limiter au maximum leurs impacts négatifs sur l'environnement.

>> Au niveau de la fertilisation, l'agriculture raisonnée a pour objectif d'adapter les apports en éléments fertilisants aux besoins réels des cultures en prenant en compte les éléments déjà présents dans le sol et l'objectif de rendement. Pour cela, un bilan azoté est nécessaire pour connaître la dose réelle d'azote à apporter.

>> Au niveau de la protection des cultures, elle permet de raisonner au mieux les apports de pesticides grâce à des seuils d'intervention, des pièges, des comptages sur le terrain ou encore des modèles de prévision; dans le but de réduire au maximum les résidus de produits phytosanitaires dans le milieu naturel (eau, air, sol, produits alimentaires).
cuvette colza
Ce mode de production nécessite donc un suivi régulier et systématique des cultures et des sols, afin de limiter les usages de produits phytosanitaires ou engrais au strict nécessare.
Ainsi, l'agriculture raisonnée est un mode de production prenant en compte de manière équilibrée les objectifs économiques des producteurs, les attentes des consommateurs et le respect de l'environnement.

En effet, grâce à l'agriculture raisonnée tout le monde s'y retrouve :
>> le producteur réduit ses dépenses liées aux produits phytosanitaires ou autres engrais. De plus, en apportant moins de substances chimiques, l'exploitant se trouve alors moins confronté à ces dernières. Il est alors moins en contact avec elles, ce qui lui permet d'être beaucoup moins exposé à leurs risques à court terme (allergies, intoxications, rougeurs...) mais aussi à plus long terme (risques de cancers en particulier).
>> le consommateur ne peut que mieux s'en porter car il dispose d'aliments moins chargés en résidus de substances chimiques le plus souvent très nocives pour la santé.

Logo FARRE
Depuis 1993, l'association FARRE (Forum de l'Agriculture Raisonnée Respectueuse de l'Environnement) est chargée de développer, coordonner et promouvoir au niveau national l'agriculture raisonnée.
La qualification en tant que exploitation agricole raisonnée est une procédure permettant d'attester qu'une exploitation satisfait aux exigences contenues dans le référentiel nationalde l'agriculture raisonnée défini par le FARRE.
Elle est reconnue par la loi française avec la parution de décrets et arrêtés publiés au journal officiel.
La décision de demander la qualification appartient à l'agriculteur.
Elle est attribuée pour une durée de cinq ans sur décision de l'organisme certificateur après un audit sur place de l'exploitation. Pendant cette période de cinq ans, un contrôle inopiné est réalisé sur les exploitations qualifiées.
Ce dispositif propose à tous les agriculteurs d'adhérer, sur une base volontaire, à une démarche de qualification portant sur une approche globale de leur exploitation.
Une subvention de l'Etat peut être accordée pour inciter les exploitations à s'engager dans le dispositif de l'agriculture raisonnée. Elle permet de prendre en charge une partie des surcoûts liés à l'obtention de cette qaulification.
Cette aide couvre l'ensemble du territoire national. Elle est versée aux exploitations qualifiées au titre de l'agriculture raisonnée, à la date de dépôt de la demande. La qualification est attestée par un organisme certificateur reconnu.

La Protection des Cultures
en Agriculture Raisonnée

En agriculture raisonnée, le producteur raisonne ses pratiques de protection des cultures en favorisant les mesures préventives et les méthodes biologiques. Les produits phytosanitaires ne sont utilisés que si nécessaire, dans le strict respect des bonnes pratiques.


>> Les mesures préventives, prophylactiques et culturales

Le producteur peut avoir recourt à de nombreuses pratiques culturales et prophylactiques pour éviter la prolifération des ennemis (insectes, maladies, mauvaises herbes...).

Les plus courantes sont :
>> L'allongement de la rotation permet des pressions parasitaires plus faibles.
>> L'enfouissement des résidus de cultures permet d'enfouir le stock semencier des mauvaises herbes, d'enterrer l'inoculum de conservation des champignons et de blesser les insectes présents dans le sol.
>> Diminuer les densités de semis et gérer les apports d'azote permettent de réduire les densités de végétations et ainsi de limiter l'appétence des cultures pour les ennemis et de diminuer l'humidité qui est favorable à la plupart des ennemis
>> Choisir des variétés résistantes aux ennemis permet de les contrôler sans pesticides
>> Retarder la date de semis permet une arrivée plus tardive des ennemis et permet alors d'avoir des dégâts beaucoup moins graves.
>> Les méthodes biologiques

Il existe de nombreux "ennemis des ennemis", il sont appelés plus généralement auxiliaires. Ce sont en fait des parasites des ennemis des cultures; ils peuvent soit les manger, sont pondre à l'intérieur, soit leur faire concurrence.

Au niveau des ravageurs, il existe de nombreux auxiliaires tels que les coccinelles et les cécidomyies qui se nourrissent de pucerons, les carabes qui se nourrissent de limaces,
les acariens typhodromes qui se nourrissent des acariens jaunes de la vigne par exemple. Ces auxiliaires sont soit autochtones, soit commercialisés.

Au niveau des maladies, il existe aussi des champignons parasites d'autres champignons. C'est le cas de Coniothyrium minitans qui parasite les sclérotes de Sclerotinia sclerotiorum (sur colza, laitue, tournesol...), commercialisé à travers le produits commercial CONTANS WG.


>> Quand traiter?
En agriculture raisonnée, les traitements chimiques peuvent être possibles, mais ces derniers ne sont effectués qu'en dernier recours et uniquement si nécessaire.

Le risque réellement encouru par la culture est estimé grâce aux observations visuelles sur le terrain, aux pièges et aux conseils techniques afin de décider ou non un traitement.

Il existe ainsi des seuils de risques à partir duquel le traitement chimique devient nécessaire pour contrôler l'ennemi et rentable pour l'agriculteur.
Exemple : Sur colza, pour contrôler les insectes présents tout au long du cycle, une cuvette jaune peut être disposée dans la parcelle afin de suivre les ennemis et de traiter si nécessaire.

Des seuils de traitements sont ainsi définis selon l'ennemi 
:
SemLevB1B2B4B6CDEFG1G2G4Seuil d'intervention
AUTOMNE 
Grosses altises
Psylliodes chrysocephala
           20 à 30 dans la cuvette
Charançon du bourgeon terminal
Ceutorhynchus picitarsis
           Traiter 8 à 10 jours après les avoir détectés dans la cuvette
 
PRINTEMPSCharançon de la tige
Ceutorhynchus napi
          Traiter 8 à 10 jours après les avoir détectés dans la cuvette
Méligèthes
Meligethes aeneus
           
1 par pied au stade D1
2 à 3 par pied au stade E
Charançon des siliques
Ceutorhynchus assimilis
          1 pour 2 pieds
 
Il existe aussi des modèles de prévision permettant de connaître la date exacte à laquelle un traitement sera le plus efficace. Ceci permet un traitement justifié avec souvent des doses diminuées de pesticide mais souvent plus efficaces car les inteventions sont placées au moment idéal.
Exemple: Le modèle PRESEPT est un modèle de prévision développé par la SRPV et diffusé aux agriculteurs à travers les Avertissements Agricoles dans le but de placer idéalement le ou les traitements anti-septoriose (maladie numéro un et incontournable sur blé).


Si le traitement est nécessaire, les spécialités commerciales les moins toxiques doivent être privilégiées pour un meilleur respect de l'environnement.

La Fertilisation
en Agriculture Raisonnée

En agriculture raisonnée, le producteur raisonne ses pratiques de fertilisation en apportant le strict nécessaire selon les besoins de la plante, le type de sol et le climat.
Tout d'abord, il est important de connaître les impacts de la fertilisation sur l'environnement en réalisant :
 >> Un bilan des minéraux (N-P-K) à l'échelle de l'exploitation
 >> Un rendement des éléments minéraux d'après ce bilan
  
Ensuite, il est important de raisonner la fertilisation azotée des cultures en :
 >> Applicant la méthode du bilan azoté prévisionnel
 >> Fractionnant la fertilisation azotée des cultures
  
Enfin, il est aussi important de raisonner la fertilisation phospho-potassique en :
 >> Prenant en compte les 4 critères inportants
 >> Applicant la méthode COMIFER
 >> Choisissant la bonne forme d'engrais
 >> Apportant ces éléments fertilisants à la bonne période



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