vendredi 11 mai 2012

Les garçons naissent dans les choux, les filles dans les roses, mais d’où vient le Nutella ?


Vous désirez savoir d’où proviennent les composants d’un produit ou d’une denrée que vous utilisez ou consommez régulièrement ? Il y a une application web pour ça : SourceMap, lancé mi-2011, ne cesse d’étoffer sa base de données et recense aujourd’hui des milliers de produits.
sourcemap Les garçons naissent dans les choux, les filles dans les roses, mais doù vient le Nutella ?
SourceMap est un annuaire ouvert qui rassemble des données sur la chaîne de production et d’approvisionnement de milliers de produits, de l’ordinateur portable au smartphone en passant par le Nutella et de nombreux autres. Il est ainsi possible de visualiser sur une carte l’ensemble des points dans le monde dans lesquels se trouvent les fournisseurs qui participent à l’élaboration d’un produit.
Chaque point est cliquable et fournit des indications sur la nature du composant, le pays d’origine, et le sens de circulation de la fourniture. Pour le moment les cartes sont assez pingres en informations car elles donnent rarement la marque du fournisseur ou la ville de production, mais la base de données s’enrichit progressivement.

Transparence, empreinte carbone et réseau social

SourceMap se veut avant tout une initiative incitant les entreprises à la transparence et à réduire leur empreinte carbone, mais également un véritable réseau social avec de nombreuses fonctions de partage afin de fédérer une communauté autour de l’idée. Chacun peut participer à l’élaboration d’une carte sur un produit en particulier. Il est possible de chercher par mot-clé ou en navigant dans les catégories, et également d’intégrer les cartes dans son propre site web avec le code embed fourni.
Attention cependant à la fiabilité des données : puisque tout le monde peut participer, il semblerait que les sources ne soient pas vraiment vérifiées. Le site gagnerait à obtenir des données des entreprises elles-mêmes, avec un système de certification.

Risque nucléaire : état des lieux en 8 cartes, du Japon à la France


Suiv

Le nucléaire dans le monde en 2011

442 réacteurs en fonctionnement à des fins de production électrique civile 
31 pays officiellement équipés 
65 réacteurs en cours de construction 
la France, le Japon et les Etats-Unis représentent à eux 3 les 2/3 de la puissance installée
 
Diaporama - Avec l'accident de Fukushima, vous souhaitez prendre vos distances avec la civilisation de l'atome ? Choisissez l'Afrique ou l'Amérique du Sud. Evitez les Etats-Unis et la France.

Parkinson reconnue maladie professionnelle chez les agriculteurs


Parkinson reconnue maladie professionnelle chez les agriculteurs


Un agriculteur

Le décret a été publie cette semaine au JO : la maladie de Parkinson a été reconnue précisément maladie professionnelle chez les agriculteurs. Coupables : les pesticides. Les malades vont maintenant pouvoir demander à être pris en charge à 100% et à être indemnisés.ECOUTERTony Cousin | 10/05/2012 - 15h36écouterC'est la reconnaissance des dégâts neurologiques des pesticides, un soulagement pour les familles et les malades concernésLe lien de causalité établi entre pesticides et Parkinson

C'est un décret qui était très attendu par les agriculteurs : la maladie deParkinson a été reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs. 

Le lien de causalité entre les pesticides et cette maladie a été directement établi. Un soulagement pour ces agriculteurs, qui manipulent ou inhalent des pesticides quand ils traitent certaines surfaces ou quand ils entretiennent des machines destinées à l'application de ces mêmes pesticides.

D'où le soulagement de Paul François, qui préside l'association Phytho-Victimes : "C'est enfin une reconnaissance, ça va surtout faciliter les démarches pour les utilisateurs de produits phyto-sanitaires, des pesticides. Ça va être beaucoup plus rapide pour eux. 

"Ça ne les fera pas guérir, c'est évident, parce que nous parlons de santé, nous parlons de drame pour certains. Parce que quand vous voyez des gens à 60 ans qui sont quasi dans un fauteuil roulant, c'est catastrophique". 

"Ça va au moins permettre d'avancer sur cette problématique. On ne pourra plus dire maintenant, on ne savait pas". 


Prise en charge financière pour les malades, les soins, les médicaments, indemnisation -y compris pour les agriculteurs qui sont encore en activité ou ceux qui ne peuvent assurer leur travail à 100% - ils peuvent se tourner vers leur mutuelle (souvent la MSA) et constituer un dossier. 

Il y a quand même quelques petits bémols : il faut justifier d'une certaine durée d'exposition (10 ans en l'occurrence) et d'un certain taux d'incapacité, à savoir au moins 25%.

VOIR AUSSI11/04/2012 - 10h20Une journée mondiale pour sensibiliser le public à la maladie de ParkinsonLa journée mondiale de Parkinson est organisée mercredi. En France, 150.000 patients sont concernés. Chaque année, 14.000 personnes supplémentaires sont atteintes de cette maladie, connue pour les ...

Risques microbiologiques alimentaires dans les produits d'origine animale : surveillance et évaluation


anses

Numéro conjoint du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'InVS
et du Bulletin Epidémiologique - Santé animale, alimentation de l'Anses et de la DGAL

J'ai le plaisir de vous adresser un numéro spécial conjoint du Bulletin Epidémiologique de l'Anses (en collaboration avec la DGAL) et du Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'InVS sur les risques microbiologiques dans les produits alimentaires d'origine animale. Ce travail en commun s'inscrit dans le cadre du renforcement des collaborations InVS-Anses qui s'est traduit récemment par un accord de coopération. Les deux agences réaffirment ainsi l'importance d'une forte vigilance tout au long de la chaine alimentaire, y compris au niveau du consommateur, pour prévenir les risques d'intoxication.

Si entre 2004 et 2009, le nombre de toxi-infections alimentaires (TIAC) liées à Salmonella a diminué de près de 50% en Europe et que les dangers microbiens sont globalement bien maitrisés dans notre alimentation, l'actualité sanitaire des derniers mois a rappelé avec force que la vigilance est nécessaire sur le sujet. Courant 2011, plus de 3500 personnes ont été brutalement touchées lors de l'épidémie liée à la contamination de produits végétaux par la bactérie E.coli O104 :H4, en Allemagne et en France. D'autres épisodes de contamination de produits végétaux ont également eu lieu récemment, en Angleterre et aux Etats-Unis. Citons enfin les défis émergents, notamment face à Campylobacter,première cause de toxi-infections liées à la consommation de produits alimentaires en Europe.

Retour d'expériences sur la gestion des crises récentes, organisation des systèmes de surveillance, synthèse des connaissances sur les principales bactéries pathogènes, impact de l'antibiorésistance : ce bulletin spécial aborde des sujets très variés et propose une revue synthétique de ces problématiques cruciales.

Il s'inscrit également dans le cadre des orientations stratégiques de l'Anses, qui a fait du risque microbiologique l'un de ses thèmes de travail prioritaire en 2012 avec la mise en place du volet sanitaire de l'Observatoire de l'Alimentation, d'un programme d'amélioration des outils de diagnostic et de recherche ainsi que le renforcement de l'information du consommateur.

Vous en souhaitant bonne lecture,
Marc MortureuxDirecteur général de l'Anses 
 
 
Sommaire du Bulletin Epidémiologique - Numéro spécial Risques microbiologiques alimentaires dans les produits d'origine animale : surveillance et évaluation
Éditorial

 Les systèmes de surveillance des maladies d'origine alimentaire : sources, méthodes, apports, limites1er Auteur : Véronique Vaillant (v.vaillant@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 
 Systèmes de surveillance des microorganismes dans la chaîne alimentaire : finalités, base réglementaire et organisation en France 1er Auteur : Bertrand Lombard (bertrand.lombard@anses.fr)
Affiliation : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Laboratoire de sécurité des aliments de Maisons-Alfort, France

 Surveillance des infections à Campylobacter chez l'Homme en France, 2003-20101er Auteur : Lisa A. King (l.king@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

 Antibiorésistance de Campylobacter dans différentes filières animales (avicole, bovine, porcine) en France : principales tendances1er Auteur : Isabelle Kempf (isabelle.kempf@anses.fr)
Affiliation : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Laboratoire de Ploufragan-Plouzané, Ploufragan, France

 Campylobacter dans les filières de production animale1er Auteur : Marianne Chemaly - Auteur correspondant : Martine Denis (martine.denis@anses.fr)
Affiliation : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), LNR Campylobacter, Laboratoire de Ploufragan-Plouzané, Ploufragan, France

 E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) : définitions, virulence et propriétés des souches entérohémorragiques (EHEC) 1er Auteur : Hubert Brugère (h.brugere@envt.fr)
Affiliation : Inserm, UMR 1043, Toulouse - Université de Toulouse, INP, Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, France

 Encadré - Surveillance du syndrome hémolytique et urémique chez les enfants de moins de 15 ans en France1er Auteur : Lisa A. King (l.king@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

  Salmonelloses en France, 2002-2010 : tendances en épidémiologie humaine, émergence de la souche monophasique, principaux aliments impliqués dans les dernières épidémies1er Auteur : Nathalie Jourdan-Da Silva (n.jourdan@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

 Encadré - Epidémie nationale de salmonellose de sérotype 4,12:i:- liée à la consommation de saucisson sec, France, 20101er Auteur : Nathalie Jourdan-Da Silva (n.jourdan@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

 Surveillance des salmonelles isolées dans la chaîne alimentaire en France1er Auteur : Corinne Danan (corinne.danan@agriculture.gouv.fr)
Affiliation : Direction générale de l'alimentation (DGAL), Bureau des zoonoses et de la microbiologie alimentaires, Paris, France

 Surveillance des risques biologiques liés à la consommation de coquillages en France1er Auteur : Véronique Vaillant (v.vaillant@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

 Surveillance de la listériose humaine en France, 1999-2011 1er Auteur : Véronique Goulet (v.goulet@invs.sante.fr)
Affiliation : Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

 Surveillance des Listeria monocytogenes dans les aliments 1er Auteur : Sophie Roussel - Auteur correspondant : Anne Brisabois (anne.brisabois@anses.fr)
Affiliation : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Laboratoire de sécurité des aliments, Laboratoire national de référence pour Listeria monocytogenes, Maisons-Alfort, France

 Toxi-infections alimentaires collectives à Bacillus cereus : bilan de la caractérisation des souches de 2006 à 20101er Auteur : Sabrina Cadel Six (sabrina.cadelsix@anses.fr)
Affiliation : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Laboratoire de sécurité des aliments, Unité Caractérisation et épidémiologie bactérienne, Maisons-Alfort, France

 Epidémiologie de Yersinia enterocolitica chez le porc, réservoir animal de souches pathogènes pour l'Homme1er Auteur : Martine Denis (martine.denis@anses.fr)
Affiliation : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), Laboratoire de Ploufragan-Plouzané, Ploufragan, France

Remerciements aux relecteurs

Retrouvez en ligne...
> Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'InVS : 
www.invs.sante.fr/beh

> Le Bulletin Epidémiologique Anses-DGAL : www.anses.fr/bulletin-epidemiologique

Site internet de l'Anses

Orientations pour une nouvelle politique agricole tunisienne


Orientations pour une nouvelle politique agricole tunisienne

En Tunisie, comme de nombreux autres pays dans le monde, la crise alimentaire de 2008 a conduit plusieurs gouvernements à remettre la priorité sur les interrogations agricoles et de sécurité alimentaire.
Par Maher Gordah


Les chefs de gouvernements du monde entier se sont réunis en novembre 2009 dans le cadre du Sommet mondial sur le sécurité alimentaire et ont adopté une feuille de route incluant les principes d’actions suivants: institution des systèmes de gouvernance de la sécurité alimentaire, plus cohérents et efficients aux niveaux national et international; être plus compétitifs sur les marchés mondiaux des produits agricoles, mais en moyennant une réduction des distorsions sur les marchés internationaux à travers des politiques de soutien des pays développés; s’adapter aux changements climatiques et en atténuant les effets négatifs; permettre aux agriculteurs d’avoir des revenus comparables à ceux de leurs concitoyens employés dans les secteurs industriels et tertiaires; et enfin mobiliser les investissements publics et privés supplémentaires en faveur de l’agriculture et des infrastructures rurales.
Culture oasienne au sud de la Tunisie.
C’est dans ce contexte que le ministère de l’Agriculture a lancé, depuis 2009, avec l’appui et le concours de l’Agence française de développement (Afd) un chantier pour l’actualisation de la politique agricole du pays, basé sur un processus de réflexion concertée entre les acteurs de l’administration et de la société civile.
Les fondements du modèle agricole tunisien
La politique agricole tunisienne s’est inscrite au cours des trente dernières années dans une relative continuité. Le fil directeur de cette politique est l’importance accordée aux mécanismes de marché tant nationaux qu’internationaux, avec en parallèle une politique assez active en matière de développement rural. Pour ce faire, la Tunisie a eu recours à deux principaux outils à savoir: la régulation des prix et une politique de structures en encourageant notamment les exploitations moyennes et en protégeant la propriété privé.
Les principaux éléments représentatifs du modèle du développement agricole tunisien peuvent être caractérisés de la manière suivante :
- priorité accordée au rôle du marché intérieur et à la préservation du pouvoir d’achat du consommateur;
- soutien à la petite agriculture, généralement familiale, et aux exploitations moyennes à travers des projets de développement agricole et rural, le développement de l’irrigation et le soutien à certains produits;
- accent mis sur la promotion des recettes d’exportation à partir d’une gamme limitée de produits traditionnels pour lesquels la Tunisie dispose d’un avantage comparatif;
- mobilisation importante des ressources naturelles avec pour destination prioritaire le secteur agricole;
- développement depuis le début des années 1980 des infrastructures rurales (routes, eau potable, électrification, etc.), en mobilisant des moyens relativement importants.
L’oasis de Fatnassa, dans le sud de la Tunisie, est confrontée à la salinité. Ph. S. Marlet-Cirad.
Sur la longue période, les résultats de ce modèle ont été assez impressionnants. En effet, la production agricole a ainsi connu une croissance supérieure à celle de la population (une moyenne supérieure à 3%), améliorant par là même les disponibilités alimentaires du pays.
Par ailleurs, la politique de développement rural accompagnant la politique agricole proprement dite a contribué à améliorer les conditions de vie en milieu rural: amélioration de l’accès à l’électrification (supérieur à 96%), à l’eau potable (supérieur à 90%), au système de santé de base et aux infrastructures de communication, réduction du taux de pauvreté (inférieur à 2%), du chômage, du logement rudimentaire, de l’analphabétisme et amélioration du taux de scolarisation des jeunes (source: Afd, 2011).
Cependant, ces progrès significatifs enregistrés sur les trente dernières années, n’ont pas empêché une baisse significative de la place de l’agriculture dans l’économie tunisienne au profit d’autres secteurs, comme cela est le cas dans de nombreux pays.
Les limites du modèle agricole tunisien
ouvrière dans un champ de blé en Tunisie.
Les réflexions menées dans le cadre du groupe de travail, composé par des experts de l’Afd et du ministère de l’Agriculture, confirment nombre d’analyses récentes sur le secteur agricole tunisien. En effet, le développement de l’agriculture tunisienne se heurte aujourd’hui à un certain nombre de blocages et d’éléments structurels, en particulier:
- les limites agronomiques du modèle agricole;
- une pression de plus en plus forte sur les ressources naturelles entraînant une dégradation à la limite de la réversibilité de la capacité de résilience de certains écosystèmes;
- forte croissance des importations, notamment pour certains produits de base afin d’atteindre la sécurité alimentaire;
- le déficit de la compétitivité «prix» et «hors prix» de l’offre agricole nationale par rapport aux denrées alimentaires importées;
- la difficile maîtrise des marchés à l’exportation, dont la volatilité des prix et la stagnation dans certains cas mettent en péril les stratégies des producteurs pour la meilleure valorisation des produits exportés, etc.
Une meilleure exploitation des ressources.
Les grandes lignes d’une politique agricole rénovée
Les limites endogènes de l’agriculture tunisienne à savoir les blocages structurels, la faible productivité, les ressources limitées, ne créent pas les conditions favorables permettant de faire face de manière satisfaisante aux différents chocs externes, dans un contexte global de plus en plus incertain tant en termes de prix (volatilité internationale) que de climat (changement climatique).
Cette situation remet en cause la poursuite du développement du secteur agricole tunisien selon le paradigme actuel et appelle à baser la politique agricole rénovée sur le principe fondamental de la durabilité.
Toujours selon les réflexions du groupe de travail (Afd et ministère de l’Agriculture), les nouveaux fondements doivent prendre en compte de manière simultanée les trois dimensions de la durabilité ayant des effets significatifs sur la politique agricole:
- la dimension économique avec une amélioration de la compétitivité des productions;
- la dimension sociale avec une meilleure répartition des fruits de la croissance entre les différentes catégories d’exploitants, les différents secteurs de production et les différentes régions agricoles;
- la dimension environnementale avec une gestion durable des ressources naturelles qui prend en compte la résilience des systèmes et des niveaux de prélèvements qu’elle permet.
La prise en compte de ces trois dimensions de la durabilité implique d’une part de lever les contraintes d’ordre institutionnel défavorables à une vision à long terme des questions agricoles et, d’autre part, de créer les conditions qui favorisent la concertation entre les différentes parties prenantes et la participation pleine et active de tous les acteurs du monde agricole et rural.

phosphore des composts de MIATES



Depuis 2004, la réglementation française sur les matières fertilisantes permet de mettre sur le marché des composts contenant des Matières d'Intérêt Agronomique issues du Traitement des Eaux (MIATES) conformes à la norme NF U 44-095 (1). Cette norme fixe les spécifications techniques à respecter par les produits, et exige notamment de ne pas dépasser la teneur de 3%, exprimée sur le produit brut, pour chacun des éléments N, P2O5 et K2O. La somme de ces trois éléments doit aussi rester inférieure à 7% du produit brut. Par ailleurs, elle suppose de respecter des teneurs minimales sur certains paramètres agronomiques (matière sèche, matière organique, rapport C/N). Elle comporte également des critères d’innocuité.

Du fait de l’équilibre N-P-K des matières premières utilisées dans l’élaboration de ces composts, et en particulier de par la présence de boues de stations d’épuration, le phosphore peut se retrouver à des concentrations proches des 3%, voire supérieures, dans les produits finis. Cet « excès » de phosphore va empêcher la valorisation du compost selon la norme NF U 44-095, même si tous les autres critères de conformité sont validés.

Le sujet « Compost de MIATE ayant des teneurs en P2O5 supérieures à 3% » est pris en considération actuellement par les bureaux de normalisation. Afin de mieux caractériser ces composts dont la teneur en P2O5 dépasse les 3%, le groupe de travail en charge du sujet a souhaité diffuser un questionnaire, que vous pourrez télécharger en cliquant sur le lien qui suit : Enquête de caractérisation des composts de MIATEs  

Vous avez la possibilité de répondre à ce questionnaire, qu’il nous a paru utile de pouvoir diffuser (avec l’accord de l’AFNOR), afin d’avoir une norme au plus proche du marché et de prendre en compte la plus grande variabilité de ces composts. Les questionnaires sont à retourner à l’animatrice du groupe de travail (dont les coordonnées sont précisées dans le document téléchargeable) avant le 15 juin 2012.

mercredi 9 mai 2012




Les enjeux de l'agriculture de demain

Les systèmes de production actuels, hérités de la phase de modernisation agricole, doivent évoluer pour répondre aux défis de demain. Enjeux environnementaux et sanitaires en font partie. Le pôle EGER de l'INRA fait le point.
L'agriculture doit évoluer. L'utilisation excessive de produits phytosanitaires, les techniques de travail des sols et l'organisation de la production doivent nécessairement s'adapter pour répondre aux enjeux actuels. Changement climatique, épuisement des ressources fossiles mais aussi enjeux environnementaux (protection de la biodiversité, lutte contre les pollutions…) et sanitaires imposent un changement de modèle pour tendre vers plus de durabilité.
Le système de culture intensif, fondé sur la recherche de forts rendements et donc très consommateur de pesticides, lancé après-guerre, reste le modèle dominant aujourd'hui en France. Pourtant, d'autres voies montrent que d'autres modes de productions sont possibles : l'agriculture intégrée voire raisonnée ou encore biologique. 

Le pôle EGER de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) fédère des unités de recherche travaillant sur les thématiques de l'agriculture et l'environnement. L'objectif est de répondre aux demandes sociétales d'adaptation des systèmes de production. Une dizaine d'unités pluridisciplinaires travaillent actuellement sur ces sujets. Un forum était organisé le 25 juin dernier sur le thème « concevoir l'agriculture du futur ».



Emettre moins de gaz à effet de serre

Comme toutes les activités humaines, l'agriculture est source de gaz à effet de serre. Selon l'INRA, elle aurait contribué en 2008 à 20 % du pouvoir de réchauffement global. Les principales émissions directes concernent le méthane et le protoxyde d'azote. L'agriculture serait à l'origine de 80 % des émissions de méthane, principalement liée à la fermentation entérique des ruminants. 83 % des émissions de protoxyde d'azote en France proviendraient des sols cultivés, conséquence de la fertilisation azotée des cultures et prairies, incluant les apports d'effluents organiques. Les émissions de dioxyde de carbone sont quant à elles limitées (2 %) car seule la consommation de carburants fossiles est prise en compte.
La recherche travaille aujourd'hui à l'élaboration de systèmes de production avec pour objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre. Mais il reste difficile d'évaluer précisément ces flux d'émissions diffuses, qui dépendent également d'autres variantes (climat, sol…).

Utiliser moins de pesticides

Les pesticides utilisés pour traiter les cultures persistent en partie dans les sols et sont également transférés dans les eaux de surface et l'atmosphère. Cette dispersion dans l'environnement est problématique en France, d'autant que le pays est le premier consommateur de produits phytosanitaires européen. La société s'oppose d'ailleurs de plus en plus à l'usage de ces substances, en raison de leur dangerosité pour la santé et l'environnement. Selon un sondage Ifop / Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (MDRGF), paru en octobre 2008, 95 % des personnes interrogées jugeaient très important (70 %) ou important (25 %) que les agriculteurs diminuent de moitié la fréquence des traitements des cultures par des pesticides dans les 10 ans à venir.
Si la recherche travaille à une amélioration des produits utilisés afin de favoriser une meilleure dégradation des molécules (substances plus efficaces à plus faible grammage), une révolution des modes de culture est aujourd'hui indispensable. En effet, les pratiques agricoles actuelles sont très dépendantes des pesticides, qui constituent, selon l'INRA, la pièce maîtresse autour desquels les systèmes de cultures sont produits.
La lutte non chimique doit être développée, accentuée. La recherche exploite diverses voies aujourd'hui : lutte génétique (sélection des plantes les plus résistantes, croisements…), changement de pratiques (labour, rotation des cultures…)… Si la première solution pose un problème de diversité des cultures, la deuxième est sérieusement envisagée : la voie empruntée par l'agriculture biologique montre qu'une diminution importante de l'utilisation des pesticides est possible aujourd'hui. Les solutions existeraient aujourd'hui pour de nombreuses cultures mais ne sont malheureusement que trop rarement mises en œuvre. La dissémination de ces pratiques tarde !

Protéger les sols

L'agriculture participe également, avec l'industrie et les autres activités humaines, à la modification et donc à la fragilisation des sols. Pollutions multiples mais aussi érosion, tassement (…) conduisent à une perte de la fonction des sols aujourd'hui, pourtant indispensable pour la sauvegarde de la biodiversité mais aussi pour de nombreux services (filtration de l'eau, captage de carbone…). Un changement des pratiques est là aussi nécessaire pour lutter contre l'appauvrissement des sols.